Palais africains : les liaisons (très) dangereuses

Entre les réunions officielles et les dîners d’apparat, certains chefs d’État font un usage peu orthodoxe de leur résidence.

En 2011, la CIA avait fourni des informations au dirigeant libyen sur ses opposants. © Christophe Simon/AFP

En 2011, la CIA avait fourni des informations au dirigeant libyen sur ses opposants. © Christophe Simon/AFP

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Publié le 11 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Le palais présidentiel du quartier du Plateau, à Dakar, Sénégal. © Issouf Sanogo/AFP
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Dans les secrets des palais présidentiels africains

De la Libye de Kadhafi à la Tunisie de Ben Ali, en passant par la Côte d’Ivoire de Houphouët et de Gbagbo, le Zaïre de Mobutu ou le Gabon d’Omar Bongo Ondimba, plongée historique au cœur des secrets petits et grands de nos chefs d’État.

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Qu’ont en commun Bill Clinton, Félix Faure et Mouammar Kadhafi ? Le goût pour l’adultère sous les ors du palais. Avec des fortunes et un sens du plaisir divers : en 1998, le procès intenté au président américain, notamment pour avoir bénéficié dans le Bureau ovale d’une faveur buccale de la part d’une stagiaire, Monica Lewinsky, fut l’un des plus retentissants qu’aient connus les États-Unis. Le septième président de la République française est quant à lui « plus connu par sa mort que par sa vie », diront les commentateurs de l’époque. Car c’est en compagnie de sa maîtresse, Marguerite Steinheil, et sans autre vêtement que son gilet de flanelle, qu’il décède brutalement à l’âge de 58 ans, dans le salon bleu du palais de l’Élysée, en 1899. Georges Clemenceau aurait eu ces mots : « Il se voulait César, mais ne fut que Pompée. » Chacun appréciera. Au calme fleuri des salons présidentiels, certains despotes préfèrent la pénombre d’une chambre aux murs de béton hermétiques pour y piéger leurs proies.

Le palais de Kadhafi, écœurant récit

À Tripoli, Bab al-Azizia, la cité interdite du « roi des rois » d’Afrique lynché en octobre 2011, est devenue un repaire de trafiquants et un refuge pour sans-abri. Ses 6 km² de jardins, de villas, de casernes et d’immeubles ont été écrasés par les bombes de l’Otan, saccagés par les milices révolutionnaires victorieuses. Mais depuis le bombardement de son palais par les Américains en 1986, l’antre du « Guide » se nichait dans ses complexes souterrains reliés par d’interminables tunnels. Combien d’hommes torturés, de femmes violées dans les entrailles du palais ?

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C’est le décor de l’écœurant récit recueilli par la journaliste Annick Cojean auprès de Soraya, enlevée adolescente à ses parents et séquestrée pendant des années comme des dizaines d’autres filles dans ces sous-sols pour assouvir la frénésie sexuelle de Kadhafi. « Papa, maman, les Libyens… Tout le monde ignorait ce qui se passait à Bab al-Azizia », affirme la jeune martyre. Les autorités libyennes, qui comptent maintenant rendre cet espace au peuple, conserveront-elles la mémoire des atrocités commises en ces lieux ?

Ben Ali et ses deux femmes

Le pouvoir semble être une porte dérobée vers une libido débridée. Leïla Trabelsi ne le savait que trop, elle qui a été de longues années la maîtresse du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali avant de devenir son épouse en 1992. Elle connaissait la fascination des hommes pour le pouvoir, mais aussi celle de certaines femmes pour ceux qui le détiennent. Par jalousie, et pour défendre une influence conquise à force de patience et d’intrigues, Leïla Ben Ali tentait de filtrer toutes les visites que recevait le maître de Carthage. Aidé par des amis entremetteurs, Ben Ali a malgré tout pu entretenir des liaisons.

Mais certaines interventions de la première dame restèrent célèbres. Ainsi lors de la réception donnée à Carthage à l’occasion de la fête de l’indépendance, le 20 mars 2009. Leïla Ben Ali n’avait pas apprécié le superbe décolleté de la femme d’un ministre. Prise à part, l’extravagante s’était vu signifier que sa toilette était tout à fait inconvenante. « Cela plaît à certains », avait-elle rétorqué. On ne la revit jamais à Carthage.

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