Tunisie – Kerim Bouzouita : « Kaïs Saïed doit définir un cap présidentiel »

Si le président a pu bénéficier d’un état de grâce durant cette première année à la tête de l’État, il doit désormais traduire son discours en actions, selon le conseiller en stratégie.

Le président tunisien Kaïs Saïed au palais de Carthage, le 31 mars 2020. © Présidence tunisienne

Le président tunisien Kaïs Saïed au palais de Carthage, le 31 mars 2020. © Présidence tunisienne

Publié le 12 octobre 2020 Lecture : 2 minutes.

Ancien publicitaire, Kerim Bouzouita est devenu en l’espace de quelques années un influent spin doctor en Tunisie, conseillant partis, leaders politiques et institutions sur leur stratégie de communication.

Aujourd’hui, il revient pour JA sur cette première année (le 23 octobre) au pouvoir du président Kaïs Saïed, dont la gouvernance reste un mystère pour une large frange de la population.

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Jeune Afrique : Quel bilan tirer de cette première année de nouvelle législature ?

Kerim Bouzouita : Cette première année a été marquée par un contexte exceptionnel. Le recours à l’article 89 a certes donné la main au président pour désigner le chef du gouvernement, mais il a aussi opposé une majorité gouvernementale à une majorité parlementaire, laquelle a fini par l’emporter.

Au vu des circonstances particulières, cette première année de législature est une année zéro

Or dans un système parlementaire, aucun exécutif ne peut gouverner sans le soutien d’une majorité parlementaire. Et changer de gouvernement à la sortie d’un confinement et à la veille d’un probable regain de la pandémie était probablement irresponsable.

En matière économique, il aurait été difficile de faire mieux. Le vrai bilan est à venir. Au vu de ces circonstances particulières, cette première année de législature est une année zéro.

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Et le bilan présidentiel ?

Kaïs Saïed s’est révélé un fin politicien, mais il lui manque une dimension politique qui lui permettrait de mettre en œuvre le changement qu’il appelle de ses vœux.

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Le président a aussi un rôle symbolique essentiel, celui d’incarner l’unité nationale, mais il tient souvent un discours guerrier ou offensif, sans que cela soit nécessaire. Il doit définir un cap présidentiel.

C’est-à-dire ?

Il doit mettre à profit le crédit qu’il lui reste. Et traduire son discours en action. La parole politique est démonétisée, elle est répétitive et ne va bientôt plus être audible. La force de Kaïs Saïed, c’est qu’il continue de se démarquer d’une classe politique qui a montré toute l’étendue de sa médiocrité et de son opportunisme.

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