[Série] RDC : l’arrêt de mort de Lumumba (1/5)

Le 30 juin 1960, jour de l’indépendance, le Premier ministre prononce un discours virulent à l’endroit du colonisateur belge. Un coup d’éclat qui va précipiter sa chute.

Patrice Lumumba s’exprimant lors d’un rassemblement politique au moment de l’indépendance. © Terence Spencer/The LIFE Images Collection via Getty Images

Patrice Lumumba s’exprimant lors d’un rassemblement politique au moment de l’indépendance. © Terence Spencer/The LIFE Images Collection via Getty Images

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Publié le 31 août 2020 Lecture : 6 minutes.

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[Série] 1960, l’année où l’Afrique s’est réveillée

En ce soixantième anniversaire de la décolonisation en Afrique subsaharienne, le cœur n’est pas à la fête. De cette émancipation en trompe-l’œil, qu’y a-t-il vraiment à célébrer ?

Sommaire

Lorsqu’il est débarqué du DC-04 d’Air Congo sur le tarmac d’Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi), le 17 janvier 1961, peu avant 17 heures, Patrice Emery Lumumba est déjà à l’agonie. Pendant tout le vol depuis Moanda, sur le littoral atlantique, l’ancien Premier ministre a été roué de coups de pied et de crosse. Son calvaire et celui de ses deux compagnons d’infortune, Joseph Okito, ex-vice-président du Sénat, et Maurice Mpolo, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, est loin de toucher à sa fin. Pendant plusieurs heures, Lumumba sera torturé sous la supervision d’officiers belges, avant d’être exécuté dans des circonstances encore empreintes de zones d’ombre.

C’est en tout cas là, dans l’éphémère Katanga sécessionniste, que s’achève le parcours d’un homme entré dans l’Histoire six mois plus tôt, un jeudi de juin 1960, et qui incarnera plus que n’importe quel autre l’indépendance de son pays. Une indépendance faite de trahisons, de règlements de compte, et d’un enchevêtrement d’ingérences qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Ce 30 juin 1960, Léopoldville (devenue Kinshasa en 1966) est en liesse. Sur la rive gauche du Congo, le Palais de la nation se remplit doucement. Patrice Lumumba pénètre le premier dans la salle d’honneur. Quelques minutes plus tard, le roi Baudouin s’installe sur l’estrade, suivi par Joseph Kasa-Vubu, le premier président du Congo indépendant. Le souverain belge est le premier à s’exprimer, saluant « l’œuvre » conçue par Léopold II, en espérant que les Congolais sauront se montrer dignes de la « confiance » qui leur est accordée. Les applaudissements sont polis. Puis Kasa-Vubu rend lui aussi un hommage appuyé à l’ancienne métropole.

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