« La Suisse entend renforcer sa présence dans la deuxième ville de Libye et intensifier ses relations politiques avec le Conseil national de transition (CNT) », a indiqué le ministère dans un communiqué.
Pour cela, elle a décidé d’envoyer à Benghazi (est) « un diplomate chargé d’ouvrir sur place un bureau de liaison en plus du bureau humanitaire qu’elle y entretient depuis quatre mois déjà », poursuit le ministère.
« L’envoyé spécial aura pour mission de défendre les intérêts de la Suisse à Benghazi, d’entretenir et de développer les contacts avec le CNT et d’ouvrir un bureau de liaison », ajoute-t-il. Ce bureau sera installé dans les locaux ouverts mi-mars pour l’aide humanitaire.
La Suisse, qui a entretenu des relations houleuses avec Mouammar Kadhafi, a fermé son ambassade à Tripoli le 27 février « par mesure de sécurité » près de deux semaines après le début du soulèvement populaire.
« En attendant l’élection d’un gouvernement légitime, le CNT est l’unique interlocuteur légitime de la Suisse en Libye », a ajouté le ministère qui rappelle que la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, également ministre des Affaires étrangères, a déjà rencontré des représentants du CNT à Berne et à Tunis.
Alors que nombre de diplomates se sont déjà rendus à Benghazi, la Pologne, au nom de l’Union européenne dont elle a pris la présidence le 1er juillet pour six mois, fait savoir qu’elle maintiendrait durant cette période, un ambassadeur à Benghazi.
Les Etats-Unis, la France, l’Italie, la Turquie, l’Allemagne, la Pologne et l’UE notamment sont déjà représentés dans le fief des rebelles à l’est de Tripoli.
La Suisse a été un des premiers pays à bloquer en février les avoirs détenus dans la Confédération par le colonel Kadhafi et son entourage contre lesquels elle a renforcé ses sanctions financières en mars.
Les relations entre Berne et Tripoli ont été difficiles ces dernières années après l’arrestation musclée en juillet 2008 à Genève d’un des fils du leader libyen accusé de maltraiter deux domestiques.
En représaille, la Libye a retenu pendant près de deux ans deux Suisses sur son territoire. Après leur libération, les deux capitales ont signé un plan pour normaliser leurs relations.
La contestation populaire a mis un terme à cet accord, permettant également au gouvernement helvétique d’ouvrir une enquête contre Tripoli le 6 juin sur « la prise d’otages » des deux hommes d’affaires.