« Tout en félicitant et en encourageant l?armée camerounaise pour sa bravoure » dans la lutte contre Boko Haram dans l’extrême-nord du pays, « le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale » (Redhac) constate néanmoins que cette zone est devenue (le lieu) de toutes sortes de violations des droits humains ».
Elles sont le fait du groupe islamiste armé nigérian « Boko Haram qui tue tout ceux qu?elle rencontre sur son passage, détruit et pille les biens » mais aussi de l’armée, qui utilise des méthodes musclées pour obtenir des renseignements avec les civils, selon le document.
L’ONG s’est notamment dite « préoccupée » par les « nombreuses intimidations » et les « actes de tortures (infligés par les soldats camerounais) à l?encontre des populations afin de leur extorquer les renseignements ».
« Les militaires des armées regulières commettent des exactions sur la population tout en faisant fi du droit humanitaire international », a déclaré Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, lors d’un point presse mercredi.
D’après Mme Ngo Mbe, de nombreuses personnes « auraient été interpellés et conduites à la gendarmerie » après le ratissage de deux villages de l’extrême-nord récemment. « Une cinquantaine » d’entre elles sont mortes asphyxiées dans leur cellule, avant d’être « enterrées dans une fosse commune en brousse », a-t-elle affirmé sans donner davantage de précisions.
« On ne peut pas au nom de la lutte contre Boko Haram qui est déjà rude, laisser les populations tétanisées, terrorisées par ceux qui sont là pour les protéger », a-t-elle conclu.
Joint au téléphone par l’AFP, un porte-parole de l’armée camerounaise s’est contenté de répondre: « nous n’avons pas de commentaire à faire, les ONG sont dans leur rôle, nous n’avons rien à dire ».
Lundi, un officier camerounais avait affirmé que « plus de 1. 000 » combattants suspectés d’être liés à Boko Haram étaient détenus à la prison de Maroua, chef-lieu de la région.
Depuis des mois, le groupe islamiste nigérian multiplie les attaques dans l’extrême-nord du Cameroun frontalier du Nigeria, commettant des massacres dans les villages, posant des mines antipersonnelles sur les axes routiers et s’en prenant désormais directement aux positions de l’armée.
Yaoundé a déployé près de 6. 500 hommes dans la région de l’extrême nord dans le cadre de l’opération Alpha de lutte contre le groupe islamiste.