Politique

Cameroun: une ONG dénonce des « actes de tortures » dans la lutte contre Boko Haram

Une ONG de défense des droits de l’Homme au Cameroun a dénoncé les dérives des forces de sécurité camerounaises dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, notamment des « intimidations » et « des actes de tortures » contre la population, dans un communiqué parvenu jeudi à l’AFP

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Mis à jour le 19 février 2015 à 15:51

Cameroun: une ONG dénonce des « actes de tortures » dans la lutte contre Boko Haram © AFP

« Tout en félicitant et en encourageant l?armée camerounaise pour sa bravoure » dans la lutte contre Boko Haram dans l’extrême-nord du pays, « le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale » (Redhac) constate néanmoins que cette zone est devenue (le lieu) de toutes sortes de violations des droits humains ».

Elles sont le fait du groupe islamiste armé nigérian « Boko Haram qui tue tout ceux qu?elle rencontre sur son passage, détruit et pille les biens » mais aussi de l’armée, qui utilise des méthodes musclées pour obtenir des renseignements avec les civils, selon le document.

L’ONG s’est notamment dite « préoccupée » par les « nombreuses intimidations » et les « actes de tortures (infligés par les soldats camerounais) à l?encontre des populations afin de leur extorquer les renseignements ».

« Les militaires des armées regulières commettent des exactions sur la population tout en faisant fi du droit humanitaire international », a déclaré Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, lors d’un point presse mercredi.

D’après Mme Ngo Mbe, de nombreuses personnes « auraient été interpellés et conduites à la gendarmerie » après le ratissage de deux villages de l’extrême-nord récemment. « Une cinquantaine » d’entre elles sont mortes asphyxiées dans leur cellule, avant d’être « enterrées dans une fosse commune en brousse », a-t-elle affirmé sans donner davantage de précisions.

« On ne peut pas au nom de la lutte contre Boko Haram qui est déjà rude, laisser les populations tétanisées, terrorisées par ceux qui sont là pour les protéger », a-t-elle conclu.

Joint au téléphone par l’AFP, un porte-parole de l’armée camerounaise s’est contenté de répondre: « nous n’avons pas de commentaire à faire, les ONG sont dans leur rôle, nous n’avons rien à dire ».

Lundi, un officier camerounais avait affirmé que « plus de 1. 000 » combattants suspectés d’être liés à Boko Haram étaient détenus à la prison de Maroua, chef-lieu de la région.

Depuis des mois, le groupe islamiste nigérian multiplie les attaques dans l’extrême-nord du Cameroun frontalier du Nigeria, commettant des massacres dans les villages, posant des mines antipersonnelles sur les axes routiers et s’en prenant désormais directement aux positions de l’armée.

Yaoundé a déployé près de 6. 500 hommes dans la région de l’extrême nord dans le cadre de l’opération Alpha de lutte contre le groupe islamiste.