Politique

Après l’UA, le président somalien accuse l’Erythrée de déstabiliser son pays

Le président somalien Sharif Cheikh Ahmed a accusé mercredi pour la première fois l’Erythrée d’armer et de financer les insurgés islamistes qui ont lancé le 7 mai une vaste offensive dans le but, revendiqué, de le renverser.

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Mis à jour le 27 mai 2009 à 21:09

Après l’UA, le président somalien accuse l’Erythrée de déstabiliser son pays © AFP

« Nous savons de manière certaine que la majorité des armes aux mains des insurgés viennent d’Erythrée. Nous savons que des officiers érythréens viennent ici et apportent de l’argent en liquide. L’Erythrée est très impliquée ici », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse organisée au siège de la présidence somalienne, Villa Somalia.

Vendredi, l’Union africaine (UA) avait demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de prendre des sanctions contre le gouvernement d’Asmara, dénonçant son soutien aux insurgés islamistes somaliens. L’UA a également demandé un blocus maritime et aérien de la Somalie pour couper l’approvisionnement des insurgés par l’Erythrée qui n’a pas de frontière avec la Somalie.

Le 7 mai, les islamistes ont lancé à Mogadiscio une offensive sans précédent, menée par la milice « Hezb al-Islamiya » du cheikh Hassan Dahir Aweys, et les islamistes radicaux des shebab, pour renverser le président Sharif, un islamiste modéré élu en janvier.

Selon M. Ahmed, « cheikh Aweys a mentionné le fait qu’ils (les Erythréens) le soutenaient ».

« Le but de l’Erythrée est de maintenir l’Afrique de l’Est dans la tourmente. A partir du moment où il y a une guerre et des tensions entre l’Ethiopie et l’Erythrée, l’Erythrée a besoin d’un endroit où les groupes d’opposition éthiopiens peuvent être entraînés. Ils visent la destruction de l’Ethiopie et ils veulent la déstabiliser à partir de la Somalie », a ajouté M. Ahmed.

Une guerre frontalière a opposé l’Ethiopie et l’Erythrée de 1998 à 2000, faisant environ 80. 000 morts. Depuis, les deux voisins entretiennent des relations délétères.

Interrogé sur l’opportunité d’une nouvelle intervention de l’Ethiopie en Somalie, le président Ahmed a répondu par la négative.

« Absolument pas (. . . ) Nous n’accepterons aucune intervention. Si quelqu’un (un pays) vient pour nous aider, nous devons d’abord nous assurer de ses intentions », a-t-il expliqué.

Selon des témoins interrogés par l’AFP, des troupes éthiopiennes ont de nouveau pénétré le 19 mai en Somalie, quatre mois après leur retrait complet du pays. L’Ethiopie a ensuite démenti sa présence en Somalie.

Fin 2006-début 2007, l’Ethiopie, aux côtés du gouvernement de transition, avait chassé les islamistes qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du centre et du sud du pays, dont Mogadiscio. Le corps expéditionnaire éthiopien s’est retiré de Somalie début 2009.

Lundi, le président somalien avait affirmé que son pays était « envahi » par des jihadistes étrangers. Le 12 mai, les shebab avaient admis la présence de ces étrangers à leurs côtés.

« Nous pensons que la plupart viennent du Pakistan, d’Afghanistan et d’Irak », a expliqué mercredi M. Ahmed.

« Selon nos informations, il y a actuellement à Mogadiscio 300 à 400 combattants étrangers de différentes nationalités », a précisé le Premier ministre somalien Omar Abdirashid Sharmarke.

Mercredi, un porte-parole des shebab, Sheik Ali Mohamoud Rage, a prévenu lors d’un point de presse que la prorogation mardi par le Conseil de sécurité de l’ONU du mandat de la force de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) ne fera qu’ »aggraver les violences » dans le pays.

Actuellement, 4. 300 soldats ougandais et burundais – sur les 8. 000 initialement prévus – sont déployés depuis mars 2007 à Mogadiscio. Les shebab ont juré de combattre jusqu’au départ de l’Amisom.