Avant cet ultime rendez-vous européen, tous les regards étaient rivés vers le duel à distance entre Ronaldo et Messi, catalogués comme les deux meilleurs joueurs du monde. Si l’Argentin a été fidèle au rendez-vous et termine la saison comme le meilleur canonnier de la C1 (9 buts), le Camerounais était beaucoup moins attendu.
Mais Eto’o a su se réveiller au bon moment et a donné le ton d’une partie totalement dominée par le Barça, entrant pour de bon dans la légende du club catalan avec son ouverture du score pleine de sang-froid en tout début de match à la suite d’une magnifique percée d’Iniesta (10e).
Muselé par la défense (presque) sans faille de Chelsea en demi-finales et traversant une période de doute en Liga, Eto’o s’était sans doute réservé pour cette finale contre le champion sortant. Les grands matches ont décidément le don d’inspirer le N. 9 catalan, déjà buteur en finale de la Ligue des champions en 2006 face à Arsenal (2-1), mais qui s’était fait moins tranchant et efficace ces dernières semaines, obnubilé par le titre de meilleur buteur en Espagne.
Eto’o traînait même une certaine frustration sur les terrains, ne parvenant pas à refaire son handicap sur le leader du classement Diego Forlan (31 buts).
Malgré une efficacité redoutable cette saison avec 29 buts inscrits en championnat, le Camerounais en voulait toujours plus et avait obligé son entraîneur Josep Guardiola à l’aligner lors de matches sans enjeu, refusant de se ménager à l’approche de la finale, au contraire des autres vedettes catalanes. Il semblait surtout avoir joué, une fois de plus, sa carte personnelle, donnant du crédit aux critiques sur son arrogance supposée.
La finale de la C1 a offert un autre visage du Camerounais. Jouant pour l’équipe, n’hésitant pas à venir occuper le côté droit en laissant Messi dans l’axe, le Camerounais s’est sacrifié pour le collectif.
A 28 ans, le natif de Nkon est en train de se constituer un solide palmarès sur le plan international (deux C1, trois Ligas, deux Coupe d’Afrique des nations) mais court toujours après une reconnaissance internationale et un trophée personnel avec le Ballon d’Or.
Mais Eto’o n’a visiblement pas de chance et devrait retrouver sur sa route un concurrent sérieux et pratiquement inaccessible avec Lionel Messi. Le petit Argentin (1,69 m), dauphin de Ronaldo en 2008, a été omniprésent contre Manchester avec des percées dont il a le secret et sa vitesse de course phénoménale.
Son but de la tête, un comble pour un joueur de sa taille, a démontré le registre complet qui est le sien et sa capacité à sentir comme personne les coups offensifs.
Lui qui avait manqué, la mort dans l’âme, la finale de 2006 pour cause de blessure, peut savourer sa douce revanche et fêter comme il se doit cette saison 2008-09 qui le consacre roi d’Europe et du monde à tout juste 21 ans.