Politique

Kenya: l’exportation des fleurs touchée par la crise

La crise financière mondiale et des conditions météorologiques défavorables ont fait chuter d’un tiers depuis le début 2009 les recettes à l’exportation des fleurs coupées du Kenya, l’un des fleurons de l’économie de ce pays d’Afrique de l’Est.

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Mis à jour le 29 mai 2009 à 09:16

Kenya: l’exportation des fleurs touchée par la crise © AFP

Les revenus de ce secteur ont baissé cette année de 35% comparé à la même période en 2008, selon l’Association des exportateurs de produits frais du Kenya (FPEAK). « Il y a des pertes importantes », indique à l’AFP Stephen Mbithi, directeur à FPEAK.

La demande européenne de fleurs venant du Kenya a plongé de 25% cette année, les consommateurs européens ayant été durement touchés par la crise financière mondiale.

Or, plus de 80% des exportations de fleurs coupées kényanes sont à destination de l’Union européenne, dont près de la moitié pour les Britanniques.

« Nous avions déjà senti que les choses allaient s’aggraver quand les gens ont commencé à être licenciés, en particulier au Royaume Uni (. . . ) la dernière chose que vous avez envie d’acheter en cette période sont des produits de luxe », relève M. Mbithi.

« Le premier trimestre 2009 a été très mauvais. La demande a fortement chuté », confirme Jens Caro, responsable d’Intergreen Kenya, l’un des plus gros exportateurs kényans de fleurs.

Les recettes du secteur, qui avaient atteint 13,36 milliards de shillings kényans (137,5 millions d’euros) au premier trimestre 2008, ont chuté à 10,76 milliards de shillings (93,69 millions EUR) à la même période en 2009.

Les analystes craignent que cette baisse n’affecte l’ensemble de l’économie kényane, la première d’Afrique de l’Est.

Le Kenya est l’un des plus gros fournisseurs de roses coupées au monde et les exportations horticoles sont le troisième pourvoyeur de devises du pays, après le tourisme et le thé.

« Ce recul va bien sûr se faire sentir au niveau de l’économie nationale », commente Jane Ngige, responsable de l’Autorité des fleurs du Kenya (KFC), organisme gouvernemental.

L’industrie horticole a déjà supprimé environ 1. 200 emplois cette année.

Les bénéfices du secteur ont également été touchés par les variations de change.

Les exportateurs kényans sont payés en euros et en livres sterling, mais ils doivent payer en dollars le fret et les autres frais. Or l’euro et la livre ont perdu du terrain face au dollar au premier trimestre.

« La crise financière mondiale va continuer d’être une source d’inquiétude pour le secteur des fleurs. Mais je pense qu’on a passé le pire. On constate une stabilisation de la demande, à des niveaux plus bas que la demande traditionnelle. Nous ne nous attendons pas à retrouver les volumes d’exportation de l’année dernière », analyse M. Mbithi.

Mais le secteur fait aussi face à une autre menace, celle du réchauffement climatique. Le Kenya a été victime de sécheresses récurrentes ces dernières années.

« Nous sommes plus inquiets encore à cause du temps », témoigne M. Mbithi.

De nombreux horticulteurs n’ont pas pu planter de fleurs en 2008 à cause de restrictions en eau drastiques consécutives à la sécheresse.

Dans les fermes traditionnellement bien arrosées du Mont Kenya, les précipitations n’ont pas atteint 30% de leur niveau normal. « C’est à cause du réchauffement climatique », selon M. Mbithi.

En retard, la saison des pluies a fini par débuter ces dernières semaines, soulageant une partie des horticulteurs.

« On espère que ce manque de précipitations va cesser d’être un problème », indique Jane Ngige.