Politique

Gambie: cinq journalistes arrêtés après avoir critiqué le président

Cinq journalistes gambiens, membres du Syndicat de la presse gambienne (GPU), ont été arrêtés lundi après la publication d’un communiqué critiquant le président Yahya Jammeh, a indiqué une source policière.

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Mis à jour le 15 juin 2009 à 21:41

Gambie: cinq journalistes arrêtés après avoir critiqué le président © AFP

La police a mené un raid dans les locaux de l’organisation de défense des droits de la presse et arrêté les cinq journalistes présents, pour plupart travaillant pour le quotidien indépendant The Point, a déclaré à l’AFP cette source sous couvert d’anonymat.

« Les journalistes sont actuellement détenus dans les bureaux de l’Agence nationale de renseignement (NIA) où ils vont être interrogés, a-t-elle ajouté.

L’opération a été menée après la publication par le GPU d’un communiqué qualifiant de « provocateurs » les propos du président concernant l’enquête sur l’assassinat en 2004 du journaliste gambien, Deyda Hydara, correspondant de l’AFP et de Reporters sans frontières (RSF).

M. Jammeh a la semaine dernière démenti toute implication de son gouvernement dans cet assassinat, laissant entendre que sa mort était liée à une histoire d’amour ayant mal tourné.

Deyda Hydara a été abattu par des inconnus circulant dans un taxi, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, le 16 décembre 2004, dans un faubourg de Banjul.

Les organisations de défense des droits de l’Homme et de liberté de la presse ont soulevé une éventuelle implication des services secrets gambiens dans cet assassinat.

Dans son communiqué le GPU appelle le gouvernement à mener une véritable enquête.

Les journalistes arrêtés – le vice-président du GPU Sarata Jabbi-Dibba, son secrétaire général Emil Touray, son trésorier Pa Modou Faal, et deux membres Pap Saine et Ebrima Sawaneh – risquent d’être inculpés pour sédition ou incitation à la haine contre l’autorité.

En mai, RSF avait estimé qu’en Gambie « les médias privés travaillent avec les mains liées par un climat très menaçant ».

Pap Saine, rédacteur en chef de The Point et correspondant de Thomson-Reuters, poursuivi dans une autre affaire pour « diffusion de fausses informations » a été acquitté lundi faute de preuve.

Un journaliste nigérian de Today, Abdulhamid Adiamoh, a été inculpé du même chef la semaine dernière après diffusion d’un article sur le prétendu limogeage de hauts responsables. Il a plaidé coupable. Le verdict sera rendu mardi.