Politique

Somalie: le ministre de la Sécurité intérieure tué dans un attentat suicide

Le ministre somalien de la Sécurité intérieure et 19 autres personnes ont été tués jeudi dans un attentat à Beledweyne, marquant un grave revers pour le gouvernement dans sa lutte contre les insurgés au lendemain de la mort du chef de la police de Mogadiscio.

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Mis à jour le 18 juin 2009 à 16:51

Somalie: le ministre de la Sécurité intérieure tué dans un attentat suicide © AFP

Il s’agit du plus haut responsable somalien tué dans les violences en Somalie depuis l’élection fin janvier à la tête du pays de l’islamiste modéré Sheikh Sharif Ahmed.

Selon un bilan établi auprès de chefs coutumiers de la ville, 20 personnes ont été tuées et 30 blessées dans cet attentat.

« Le bilan atteint 20 morts, pour la plupart des membres des forces de sécurité qui gardaient le ministre lorsque l’attaque a eu lieu », a rapporté un chef traditionnel, Abdi Sheik Guled, joint par téléphone par l’AFP depuis Mogadiscio.

Le président Ahmed a confirmé la mort dans l’attentat du ministre Omar Hashi Aden et de l’ancien ambassadeur de Somalie en Ethiopie Abdulkarim Ibrahim Lakanyo, lors d’un point de presse au palais présidentiel à Mogadiscio.

« Ceci est le résultat d’une attaque des terroristes qui ont envahi notre pays; il s’agit d’une attaque suicide contre des responsables », a accusé le président, dont le gouvernement ne contrôle plus que quelques quartiers de Mogadiscio.

Fin mai, le président a affirmé que la Somalie, en guerre civile depuis 1991, était « envahie » par des jihadistes étrangers ayant rejoint les rangs des insurgés islamistes.

Le Premier ministre Omar Abdirashid Sharmarke a fustigé jeudi un « acte de lâcheté perpétré par des terroristes liés (au réseau) Al-Qaïda », lors d’un point de presse à l’ambassade de Somalie au Kenya.

« Les Somaliens n’ont pas la capacité de mener de telles attaques, ceci est le travail d’étrangers », a-t-il martelé.

L’attaque a été perpétrée par un kamikaze qui s’est fait exploser à bord de son véhicule dans l’enceinte de l’hôtel Medina à Beledweyne (environ 300 km au nord de Mogadiscio). Cet hôtel abritait la délégation du ministre, composée d’autres hauts responsables gouvernementaux.

« Le ministre a été tué dans l’attaque qui avait été planifiée par les islamistes », avait déclaré plus tôt à l’AFP par téléphone un responsable de l’hôtel, Ahmed Abdi.

« Son corps gît dans le hall de l’hôtel », avait-il ajouté, précisant que le kamikaze avait utilisé une berline Toyota « au moment où la délégation allait quitter l’hôtel ».

Cet attentat n’a pas été revendiqué, mais les insurgés islamistes ont lancé depuis le 7 mai une offensive violente contre le gouvernement de M. Ahmed qu’ils ont juré de renverser.

Une épaisse fumée se dégageait de l’hôtel en grande partie détruit par l’explosion. Des corps carbonisés étaient également visibles, ont rapporté des témoins.

Cet attentat succède à une journée particulièrement meurtrière mercredi où 26 personnes, dont le commandant de la police de Mogadiscio et de sa région, le colonel Ali Said Hassan, ont été tuées dans de nouveaux affrontements dans la capitale.

Le 7 mai, les insurgés islamistes ont lancé une offensive sans précédent, menée par les islamistes extrémistes shebab et la milice Hezb al-Islamiya, à Mogadiscio. Depuis le 22 mai, les forces loyales au président Ahmed mènent à leur tour une contre-offensive, mais qui se heurte à des revers.

Depuis début mai, ces combats ont fait environ 300 morts (civils et combattants).