Politique

Crises ouest-africaines, accords UE : le chef de la Cédéao reste optimiste

Le patron de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) fait montre d’un optimisme prudent à la veille d’un sommet avec l’Union européenne, malgré les crises dans sa zone et des négociations difficiles.

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Mis à jour le 19 juin 2009 à 18:07

Crises ouest-africaines, accords UE : le chef de la Cédéao reste optimiste © AFP

Les chefs d’Etats des 15 pays membres de la Cédéao sont attendus lundi à Abuja, siège de l’institution. Au menu: les crises en Guinée, Guinée-Bissau et au Niger mais aussi les difficiles négociations avec l’UE d’Accords de partenariat économique (APE) — un sujet qui divise fortement l’organisation régionale.

Le même jour aura lieu un sommet Espagne-Cédéao avec le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.

Malgré un second report à Bruxelles le 17 juin de la signature d’APE avec l’UE, le patron de la Cédéao estime que « ce n’est pas la fin du monde » dans un entretien avec l’AFP.

A Bruxelles, un nouveau calendrier a été arrêté: négociations « intensives » pour conclure au plus tard fin octobre 2009 un APE régional partiel (commerce des marchandises, coopération au développement) puis à partir de janvier 2010 seconde phase pour un « APE régional complet ».

« L’UE, dit Mohamed Ibn Chambas, a une position plus équilibrée » mais « il y a encore du travail technique, par exemple sur la question de l’accès au marché, et je suis optimiste ».

« Pour l’Afrique de l’Ouest, la Commission (européenne, ndlr) veut une libéralisation de 80% des échanges sur 15 ans. Nous voulons 60 à 70% sur 25 ans », affirmait fin 2008 un diplomate africain à Bruxelles.

Partisan de ces APE, M. Chambas insiste pour que ces accords commerciaux soient aussi un « outil de développement et d’intégration régionales ».

« L’UE a fait un pas en avant ». Mais il est important de régler, selon lui, les dispositions fiscales et les compensations « pour les pays qui dépendent largement des revenus douaniers ».

« Si on ne fait que pousser à la libéralisation, nous allons perdre de l’argent pour d’importants programmes régionaux de santé, d’éducation ou contre la pauvreté ».

Quant au Nigeria, qui assure la présidence tournante de la Cédéao et n’a jamais montré un grand enthousiasme pour les APE, M. Chambas estime le poids-lourd économique régional « doit prendre en compte l’intérêt collectif » et réaliser que « hors pétrole, il pourrait lui aussi bénéficier des APE: noix de coco, cuirs, thon, produits agricoles ».

Au plan politique, trois pays membres de la Cédéao traversent une crise sérieuse, et M. Chambas en appelle au respect de la constitution et de la démocratie.

En Guinée Bissau, « la priorité absolue est de réunir les conditions pour que la présidentielle du 28 juin soit transparente, libre et juste », dit le patron de la Cédéao qui envoie une équipe d’observateurs dimanche prochain.

Le scrutin a été maintenu en dépit des assassinats le 5 juin par des militaires du ministre de l’Administration territoriale et candidat Baciro Dabo et de l’ex-ministre de la Défense Helder Proença.

En Guinée, les militaires au pouvoir depuis le 23 décembre 2008 peu après le décès du président Lansana Conté, ont promis des législatives en octobre et une présidentielle en décembre, mais tout prend du retard.

La junte « peut faire plus. Elle doit immédiatement installer le Conseil national de transition (CNT) comme promis et financer la commission électorale. Ce n’est pas un bon signe », juge M. Chambas.

Concernant le Niger, où le président Mamadou Tandja tente de rester au pouvoir après deux quinquennats, notamment par un référendum rejeté par la Cour constitutionnelle, M. Chambas manie la carotte et le bâton: « nous disons + M. le président, respectez la Constitution » mais « nous devons encourager ce pays, qui jouit de stabilité depuis dix ans, à rester sur la voie de la démocratie ».

« En dépit de la réalité, je veux rester optimiste », conclut-il.