Politique

RDC: les rebelles rwandais et ougandais traqués mais toujours nuisibles

Adeptes de la guérilla entre forêts denses et montagnes, les rebelles rwandais et ougandais continuent de sévir dans l’est et le nord-est de la RDC, montrant ainsi leurs capacités de nuisance face à une armée congolaise en peine, pourtant appuyée par les Casques bleus.

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Mis à jour le 20 juin 2009 à 14:44

RDC: les rebelles rwandais et ougandais traqués mais toujours nuisibles © AFP

Villages pillés et incendiés, soldats réguliers tués, attaques de convois onusiens et d’humanitaires: rien ne semble freiner les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) aux Nord et du Sud-Kivu (est), et de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Province orientale (nord-est).

Lundi, deux officiers des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été tués et trois soldats blessés lors d’une nouvelle attaque FDLR à Rutshuru (Nord-Kivu), dont l’un des membres a été abattu.

Certains de ces rebelles hutu rwandais, dont le nombre est estimé entre 5. 000 et 6. 000 combattants, ont participé au génocide de 1994 au Rwanda contre les Tutsi. Ils se sont ensuite installés dans l’est de la RDC.

Début mai, lors d’un raid le plus meurtrier en date, ces miliciens ont massacré 60 personnes à Busurungi (Nord-Kivu), obligeant plus de 90. 000 personnes à se réfugier dans la ville voisine de Walikale.

Ces rebelles profitent de leur bonne intégration au sein des populations locales pour commettre leurs exactions, selon les FARDC.

« Certains se sont mariés et ont eu des enfants. Aujourd’hui, il est difficile de pouvoir les distinguer » des Congolais, admet le colonel Bobo Kakudji, commandant des opérations au Nord-Kivu.

Dans la Province orientale, région de prédilection de la LRA, la fréquence et l’ampleur des attaques contre les civils sont plus importants qu’au Kivu.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) à Kinshasa, les rebelles ougandais ont tué plus d’un millier de civils entre décembre 2008 et juin 2009.

Pour le seul mois de mai, l’agence onusienne affirme avoir dénombré au moins 24 attaques, marquées par « l’enlèvement de 47 personnes dont 34 enfants », tous attribués à ces miliciens, estimé à environ 500 combattants début 2009, répartis entre le Sud-Soudan, la RDC et la Centrafrique.

Or, ces tueries s’intensifient au moment où les FARDC redoublent leurs offensives contre ces groupes rebelles, avec l’objectif affiché de « les anéantir ».

Aidée par le Soudan et l’Ouganda, l’armée de Kinshasa tente en vain depuis décembre 2008 de neutraliser la LRA et son chef chef Joseph Kony. Appuyée par les 17. 000 Casques bleus de la Mission de l’Onu en RDC (Monuc), elle essaie de même « d’exercer une pression sur les groupes FDLR ».

Déjà en début d’année, les armées rwandaise et congolaise avaient mené une opération conjointe sans précédent dans le Nord-Kivu contre les FDLR, anciens supplétifs occasionnels des FARDC, sans pour autant parvenir à les neutraliser.

Selon un expert militaire occidental interrogé par l’AFP, « ces opérations pourront durer encore des mois et des mois » en raison notamment de l’immensité des trois provinces, dont la superficie est égale à celle de la France.

Aussi, « les FARDC n’ont pas une logistique sophistiquée, ils ne sont pas bien payés et commencent à être fatigués », ajoute cette source, qui préconise au gouvernement congolais d’entrevoir « la voie de la négociation » avec les groupes rebelles.