En visite en Grande-Bretagne, M. Tsvangirai s’est exprimé dans la cathédrale de Southwark à Londres devant environ un millier de personnes, dont des compatriotes exilés dans l’ancienne puissance coloniale à qui il a lancé ce message: « les Zimbabwéens doivent rentrer à la maison ».
Mais ces propos ont été mal perçus par une foule en colère, qui a répondu par des huées et le slogan « Mugabe doit partir », en référence au président zimbabwéen Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980.
Ne parvenant plus à faire entendre sa voix au-dessus des sifflets de l’assemblée, M. Tsvangirai a quitté la chaire pendant deux minutes, avant de revenir affronter les questions.
« Je n’ai pas dit: +faites vos bagages demain+, j’ai dit: +vous devriez maintenant commencer à penser à rentrer à la maison+ », a-t-il tempéré.
De nouvelles clameurs ont résonné quand il a estimé que le gouvernement d’union nationale, mis en place après la victoire de son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), aux législatives de mars 2008, avait permis d’assurer « la paix et la stabilité au Zimbabwe ».
De nombreux auditeurs lui ont répondu en criant: « pas encore ».
Interpellé pour savoir ce que le gouvernement faisait pour venir en aide aux Zimbabwéens « traumatisés » par la violence, le Premier ministre a répliqué: « S’il y a bien quelqu’un qui a été traumatisé, c’est moi ».
Après avoir répondu brièvement à quelques questions supplémentaires, M. Tsvangirai a rapidement été accompagné vers la sortie par ses gardes du corps.
« On peut déjà voir que Tsvangirai a adopté la politique de Mugabe », a déploré à la sortie un des exilés zimbabwéens Alex Chigumira, 42 ans, qui a quitté son pays il y a huit ans.
« Il n’est pas réaliste. Ce qu’il oublie, c’est que les gens ici sont traumatisés, c’est pour cela qu’ils sont en Grande-Bretagne », a-t-il ajouté. « Je ne pense pas que je retournerai dans mon pays tant que Mugabe sera au pouvoir. «
Le Premier ministre avait lancé un appel semblable au retour des exilés zimbabwéens en Grande-Bretagne dans un entretien samedi au Daily Telegraph.
« Le gouvernement a besoin de ces professionnels », avait-il déclaré. « Et nous avons aussi besoin de toutes les économies qu’ils ont pu faire pour aider au développement économique. Il est temps de rentrer à la maison. «
M. Tsvangirai effectue une tournée mondiale afin de récolter des fonds pour son pays en ruines. Elle l’a notamment mené à Washington, Stockholm et Berlin.