Politique

Expédition « Cape to Cape »: sur les traces de Livingstone en Zambie

30. 000 km de l’extrémité septentrionale de l’Europe à la pointe australe de l’Afrique à travers 16 pays, du froid polaire à la brûlure du continent noir: les camions de l’aventure du constructeur français Renault Trucks suivent depuis deux semaines les traces de l’explorateur David Livingstone dans le Sud-est africain.

Par
Mis à jour le 21 juin 2009 à 09:32

Expédition « Cape to Cape »: sur les traces de Livingstone en Zambie © AFP

Partie le 1er Mars du Cap Nord en Norvège, l’expédition « Cape to Cape » avec ses 6 monstres de 26 tonnes « Kerax » et ses 6 gros 4X4 « Sherpa » de près de 8 tonnes, est attendue le 8 juillet au Cap en Afrique du Sud, fin de ce long voyage qui s’inscrit dans la grande tradition des expéditions mécaniques depuis la « Croisière jaune » dans les années trente.

« C’est une aventure technique et humaine, un banc d’essai grandeur nature », pour Stefano Chmielewski, le PDG de Renault Trucks (filiale de Volvo établie à Saint-Priest dans le Rhône, 14. 000 salariés dans le monde dont 10. 000 en France).

Pour la partie technique, les « Kerax » 6 roues motrices conçus pour les chantiers de construction, et les « Sherpa », véhicules « légers », commandés par l’armée française, sont à leur affaire.

Ils ont affronté en 4 mois toute la gamme des conditions climatiques sur tous les terrains imaginables, carrossables ou non, de la neige au désert, en montagne comme sous le niveau de la mer.

Chrystelle Pastor, 35 ans, ouvrière sur la chaîne de montage « Kerax » à Bourg-en-Bresse (Ain), le regard attentif aux pièges de la piste, joue en souplesse avec les 6 vitesses du « Sherpa ».

Depuis les bergers Massaï surgissant de la savane au sud du Kenya aux petits agriculteurs Bemba en Zambie, en passant par les éléphants, girafes, antilopes et hippopotames de Tanzanie, elle a le sentiment d’être passée à travers l’écran en regardant le film de Sydney Pollack « Out of Africa ».

La jeune femme a été sélectionnée avec une soixantaine de collègues de 13 nationalités, parmi les quelque 300 ouvriers et techniciens de Renault Trucks (en France et à l’étranger) qui se sont portés candidats pour se relayer chaque mois aux volants des véhicules de l’expédition.

« Je n’avais jamais pris l’avion. Pas les moyens. . . (elle gagne 1. 450 euros par mois). Je n’avais même pas de passeport », confie-t-elle.

Parties de foot improvisées entre routiers et adolescents des villages de cases en pisé et toitures de chaume où l’on s’éclaire à la bougie et fait bouillir la marmite sur un feu de bois.

Femmes au port altier, drapées d’étoffes bigarrées, leur enfant sur le dos et de lourdes charges sur la tête, qui saluent le passage de la chenille d’acier rouge.

Immenses antennes truffées de paraboles pour téléphones portables, plantées çà et là, comme des vigies anachroniques de la modernité dans ce paysage humain, animal et végétal, immuable depuis que Livingstone, tête de pont de la colonisation britannique, le parcourut au XIXe siècle.

Et c’est à Livingstone, l’ancienne capitale du Sud sur les chutes Victoria, que l’aventure africaine prendra fin pour Chrystelle et ses compagnons qui reprendront le chemin de leurs ateliers.

Les géantes chutes Victoria, « Mosi-Oa-Tunya » (« la fumée qui gronde »), sur le fleuve Zambèze, sont seules à même de couvrir le vrombissement des puissants moteurs de l’expédition « Cape to Cape ».