Tech : avec Sèmè-City, le Bénin entre dans la bataille des hubs africains

Cotonou est sur le point d’inaugurer l’immeuble de Sèmè-One, un incubateur de start-up aux ambitions régionales.

Le chantier de Sèmè-One en avril 2020. © Compte Twitter de Sèmè-City

Le chantier de Sèmè-One en avril 2020. © Compte Twitter de Sèmè-City

Publié le 21 juillet 2020 Lecture : 3 minutes.

Abdoul Halim Asouma, le responsable des travaux de construction de l’incubateur de start-up Sème-One, a voulu faire de ces 4 250 m2 entièrement dédiés à la recherche et aux nouvelles technologies, « un bâtiment innovant et intelligent », peu gourmand en énergie, et à la pointe des plus grands centres africains de ce type.

Les maçons et les peintres font les dernières retouches, et dans quelques jours, Sèmè-One accueillera entrepreneurs, « incubés », et étudiants spécialisés dans les nouvelles technologies : un choix politique qui trouve tout son sens en ces temps de pandémie mondiale et de courses aux innovations.

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Hub technologique pour l’Afrique

Ce nouveau bâtiment fait partie de Sèmè-City, un programme de développement économique voulu par le chef de l’État, Patrice Talon, visant à faire du Bénin un hub technologique pour l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle du Kenya en Afrique de l’Est, ou du Rwanda pour l’Afrique des Grands Lacs.

Avant même la finalisation de ce nouveau projet, l’incubateur était d’ailleurs logé depuis deux ans dans des locaux annexes de la Présidence, et est déjà devenu le point de convergence des étudiants, chercheurs, entrepreneurs, des chefs de petites et grandes entreprises et même des simples citoyens qui peuvent venir travailler dans les locaux ou assister à des conférences.

Pour sa directrice générale, Claude Borna, Sèmè-City est « un lieu unique qui accompagne et forme les talents de demain, qui fait la promotion de l’innovation made in Africa », explique-t-elle à l’AFP.

Diplômée de l’université de Californie à Los Angeles, et de McGill University à Montréal, cette quadragénaire a longtemps travaillé pour de grands groupes internationaux, comme conseillère en stratégie commerciale et innovation avant de rentrer au Bénin en 2016.

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« On vient à Sèmè-City chercher des collaborations, des formations, de l’accompagnement pour monter un projet. La finalité est de résoudre des problèmes avec de nouvelles méthodes », dit-elle avec fierté. « Les jeunes ont souvent pleins d’idées, mais manquent de cadre et d’accompagnements ».

Task force anti-Covid 

Et avec la propagation du Covid-19 au Bénin, toutes les idées sont les bienvenues, et il faut surtout pouvoir les mettre en oeuvre rapidement. Depuis avril et les premiers cas déclarés, les « incubés » cherchent des solutions et mettent en place des prototypes d’objets ou d’applications pour ralentir la propagation du virus.

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Grâce à un financement de l’Unfpa-Bénin (Fonds des Nations unies pour la population), quinze organisations nationales et internationales se sont réunies dans une task force pour lutter contre la pandémie, avec aussi pour ambition, de trouver des solutions adaptées aux environnements socio-économiques et culturels du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest.

À 29 ans, Donald Tchaou et cinq de ses amis ont ainsi mis au point X-over, une application mobile pour mieux respecter la distanciation sociale et permet aussi de retracer la chaîne de contacts d’une personne infectée. Elle est aussi équipée d’un scanner Code QR pour contrôler les usagers avant l’accès dans un bâtiment et est mise en circulation dans le pays.

« Quand nous avons eu l’idée, nous sommes venus à Sèmè-City, qui a mis à notre disposition tous les moyens nécessaires. Nous avons bénéficié aussi d’un coaching personnalisé », raconte-t-il.

Cette application de traçage n’est pas unique au monde, mais pour des raisons de coûts et de cyber-sécurité, il est important que les pays, même les plus pauvres, se lancent à leur tour dans ces phases de recherches.

>>> Lire aussi notre dossier –  Bénin : un test et des promesses <<<

Des centres médicaux démontables 

Mais Sèmè-City, ne s’adresse pas seulement aux « geeks » ou jeunes « startupers ». Habib Mémé, la trentaine, a suivi des études d’architecture. Associé à une dizaine d’ingénieurs et informaticiens, il a développé le projet « COM-finement », des centres médicaux de prise en charge en cas d’épidémies (Covid-19, mais aussi, choléra, fièvres hémorragiques…), « montables et démontables rapidement ».

La spécificité de ces centres est qu’ils sont « connectés entre eux, à travers un système de télémédecine pour des usages en milieu rural ou urbain », explique le développeur. A Sèmè-City, « ils nous ont dirigé vers des bailleurs de fond potentiels et nous ont donné des retours techniques très pertinents ».

COM-finement a déjà séduit plusieurs gouvernements d’Afrique de l’Ouest, et plusieurs prototypes sont en phase expérimentale, assure son inventeur.

Financement, mais aussi structuration, législation, développement marketing,… fonder une start-up ou transformer ses idées en entreprise viable et profitable, nécessite un encadrement pointu et des partenariats solides. Armelle Dossa, 25 ans, spécialisée dans « l’agri-tech », prépare un projet de commercialisation à grande échelle de légumes bio. « Si ce cadre avait existé au Bénin depuis dix ans, on aurait beaucoup de jeunes dans l’entrepreneuriat et un taux de chômage plus faible », conclut-elle.

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