Jean-Pierre Fabre fait fort aux législatives

Sorti renforcé des élections législatives du 25 juillet, l’éternel second de l’opposition a désormais dépassé son mentor, Gilchrist Olympio. Et fait cap sur la présidentielle de 2015.

Jean-Pierre Fabre, leader de l’alliance pour le changement, partant voter à Lomé, le 25 juillet. © Erick Kaglan/AP/Sipa

Jean-Pierre Fabre, leader de l’alliance pour le changement, partant voter à Lomé, le 25 juillet. © Erick Kaglan/AP/Sipa

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 12 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Pour Jean-Pierre Fabre, les lendemains d’élections législatives ont un goût de revanche. L’éternel second est désormais le chef de file de l’opposition parlementaire togolaise. Il est parvenu à faire mentir ceux qui avaient prédit sa " mort politique " après qu’il eut provoqué, en 2010, la scission de l’Union des forces du changement (UFC). Selon les résultats des législatives de ce 25 juillet, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), son parti, et ses alliés du collectif Sauvons le Togo (CST) ont obtenu 19 députés. L’ancien protégé de l’opposant historique Gilchrist Olympio pourra s’appuyer sur un groupe parlementaire, alors qu’Olympio n’aura que 3 députés au cours de la prochaine législature. L’Union pour la République (Unir), du président Faure Gnassingbé a, quant à elle, obtenu la majorité absolue, avec 62 sièges sur 91.

Arrivé deuxième derrière Faure Gnassingbé à la présidentielle du 15 janvier 2010, Fabre continuait de vivre dans l’ombre de son mentor. Mais ce tacticien qui connaît sur le bout des doigts L’Art de la guerre, du sage chinois Sun Tzu, attendait son heure. Elle a fini par arriver lorsque Olympio a signé, le 26 mai 2010, un accord de gouvernement avec Faure Gnassingbé en contrepartie de sept portefeuilles ministériels. Fabre et une partie de la direction du mouvement contestent alors la décision. Les amis d’hier se déchirent. Soixante des 70 membres du bureau politique quittent l’UFC pour rejoindre le parti créé par le dissident.

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Les résultats de l’ANC : un pied de nez pour la Cour constitutionnelle

Aujourd’hui, à l’âge de 61 ans, Fabre peut, sans risque d’être contesté, se targuer d’avoir ravi le leadership à Olympio, qui a régenté l’opposition pendant près de quatre décennies, et dont l’électorat a peu apprécié le ralliement à Faure Gnassingbé. Selon Éric Dupuy, secrétaire national chargé de la communication à l’ANC, l’UFC n’a obtenu qu’environ 150 000 voix, contre 577 000 pour l’ANC. Pour Fabre et ses proches, les déçus de l’un se sont logiquement tournés vers l’autre. " Olympio n’a été un grand chef politique que parce qu’il était entouré de personnes qui avaient envie de se battre pour leurs idées ", tance Éric Dupuy.

Les résultats de la toute jeune ANC constituent un véritable pied de nez pour la Cour constitutionnelle. Saisie par le président de l’Assemblée nationale, cette cour avait en effet entériné, en novembre 2010, l’exclusion du Parlement de Fabre et de huit autres députés élus sous la bannière de l’UFC. On leur reprochait d’avoir quitté ce parti pour rejoindre les rangs de la dissidence. Ni les manifestations de protestation hebdomadaires de la nouvelle ANC, ni une décision de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) leur donnant gain de cause ne leur avaient permis de retrouver leurs sièges.

Pour Fabre, ce bon score aux législatives constitue également une revanche sur la justice, qui l’a inculpé le 11 mars dans l’affaire des incendies qui avaient détruit deux mois plus tôt les marchés de Kara (Nord) et de Lomé, la capitale. Mais la pression n’a pas intimidé ce joueur d’échecs. Au contraire, elle a décuplé sa motivation. En dix jours, il a tenu 90 meetings dans 24 préfectures…

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Titulaire d’un DESS de l’université des sciences et techniques de Lille (France), ce métis né d’un père Français et d’une Togolaise, catholique pratiquant, a enseigné l’économie à l’université du Bénin, actuelle université de Lomé, avant de rejoindre un important groupe d’études en architecture et urbanisme (Auba), dont il a occupé le poste de secrétaire général de 1981 à 1991. À cette date, il devient le porte-parole de la Conférence nationale souveraine. En 1992, il participe à la fondation de l’UFC, dont il sera longtemps le secrétaire général. Aujourd’hui, le second a gagné ses galons de capitaine. Il n’y a plus de doute : le principal rival de Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2015, ce sera lui.

>> Lire aussi : Infographie : les résultats des élections législatives togolaises

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