La fusion des deux compagnies d’assurances d’Holmarcom, Atlanta et Sanad, était attendue au Maroc. « Il était temps. C’était une aberration qu’une holding détienne deux assureurs actifs dans le même créneau (NDLR, la non-vie) », estime ainsi un expert contacté par Jeune Afrique.
Entamée en aout dernier, la réorganisation du pôle financier du groupe appartenant à la famille Bensalah devrait être bouclée d’ici septembre prochain, le temps de recueillir les approbations réglementaires usuelles : agrément de la fusion et de l’accord portant sur le transfert de la totalité du patrimoine de Sanad à Atlanta par l’ACAPS, obtention du visa de l’AMMC sur le prospectus relatif à la fusion et approbation de la fusion par les assemblées générales extraordinaires des actionnaires des deux compagnies.
« Le deal se fera, mais la procédure peut prendre du temps », explique notre expert, convaincu que la fusion ne sera bloquée ni par les autorités, ni par les actionnaires.
4e opérateur du marché
Suite à cette opération, Sanad, 7e opérateur du marché marocain de l’assurance avec près de 5 % de parts de marché, disparaîtra au profit d’Atlanta, actuellement 6e opérateur avec 6 % de parts de marché. « Atlanta va tout simplement doubler de taille », résume notre source.
11 % de parts de marché, 5 milliards de dirhams (456 millions d’euros) de chiffre d’affaires consolidé, plus de 650 collaborateurs et un réseau de près de 400 points de vente : ainsi renforcé, Atlanta intègrera le petit cercle des leaders du marché marocain, aux côtés de Wafa Assurance (filiale d’Attijariwafa Bank, 875 millions de dollars de chiffre d’affaires, 20 % de parts de marché), RMA (filiale de Bank Of Africa, 685 millions de dollars de CA, 16 % de parts de marché) ou encore Saham Assurance Maroc (filiale du sud-africain Sanlam, 546 millions d’euros de CA, 13 % de parts de marché).
Selon nos sources chez Holmarcom, les dirigeants du groupe ont vite tranché entre la fusion de leurs deux filiales ou la cession de l’une des deux, la seconde option ayant été rapidement écartée pour ne pas renforcer la concurrence. « Même si fusionner signifie perdre une licence d’assurance, extrêmement difficile à obtenir au Maroc », souligne notre expert.
Vers l’internationalisation ?
En outre, le renforcement de l’assise financière d’Atlanta Assurances s’inscrit dans la lignée de la nouvelle règlementation du marché de l’assurance et de son cadre prudentiel plus contraignant, notamment en termes de fonds propres.
« Le secteur commence à se professionnaliser, ce qui va tout simplement le porter et l’aider à être plus résilient », explique notre interlocuteur, selon lequel « il ne restera que les gros acteurs du marché d’ici quelques années ». « Holmarcom a anticipé cette mue », poursuit-il.
Si la première mission d’Atlanta sera de se renforcer sur le marché local, elle pourra également envisager son internationalisation, qui reste timide par rapport à ses concurrentes, malgré une présence en Côte d’Ivoire depuis 2016.
Mais il faudra encore du temps pour cela, prévient notre interlocuteur selon lequel il est très compliqué de se positionner sur le continent : « il est très difficile de trouver des compagnies d’assurances bien structurées à racheter, et très long de s’imposer en “green field” [à partir de zéro] au sud du Sahara ».