Rwanda : Félicien Kabuga fait un pas de plus vers un procès à Arusha

La cour d’appel de Paris a donné un avis favorable au transfert de Félicien Kabuga devant le Mécanisme de l’ONU, basé en Tanzanie. C’est la fin du premier acte d’une bataille judiciaire qui ne fait que commencer.

Des proches de Félicien Kabuga entrent dans la salle du Palais de justice de Paris, lors de l’audience du 27 mai 2020. © Thibault Camus/AP/SIPA

Des proches de Félicien Kabuga entrent dans la salle du Palais de justice de Paris, lors de l’audience du 27 mai 2020. © Thibault Camus/AP/SIPA

ROMAIN-GRAS_2024

Publié le 4 juin 2020 Lecture : 6 minutes.

Curieuse image que celle que donne aujourd’hui Félicien Kabuga. Jadis considéré comme l’un des hommes les plus riches et les plus influents du Rwanda, c’est recroquevillé dans un fauteuil roulant poussé par un gendarme qu’il est conduit jusqu’au pupitre d’une salle d’audience silencieuse, dans laquelle tous les regards sont rivés sur lui.

À sa droite, des membres de sa famille, ses enfants principalement, lui adressent en kinyarwanda des messages de soutien. À sa gauche, impassibles, des représentants d’associations de rescapés du génocide des Tutsi et des proches de victimes. « On a toujours du mal à y croire, glisse l’un d’eux. Alors comme ça, on peut s’assurer que c’est bien lui. » « On avait renoncé à le voir comparaître devant la justice », ajoute Alain Gauthier, président du Collectif pour les parties civiles du Rwanda.

Ancien homme d’affaires prospère avant le génocide des Tutsi, Félicien Kabuga est visé par sept chefs d’accusation dont ceux de « génocide », « complicité de génocide », « incitation à commettre le génocide » et « crimes contre l’humanité ». Président et actionnaire de la Radio-Télévision libre des Mille Collines (RTLM), qui propagea messages de haines et appels à l’extermination des Tutsi, il est soupçonné d’avoir importé plusieurs tonnes de machettes et d’avoir assuré le transports de miliciens Interahamwe vers les lieux de massacres.

Jusqu’à son arrestation le 16 mai dernier à Asnières, en région parisienne, il était l’un des derniers « gros poissons » encore recherchés par le Mécanisme chargé d’assurer les fonctions résiduelles du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Si la route vers un éventuel procès est encore longue pour celui qui, pendant 26 ans, est parvenu à échapper à la justice internationale, elle vient, ce 3 juin, de franchir une première étape décisive : la cour d’appel de Paris, qui avait la charge de statuer sur la validité du mandat d’arrêt, a ordonné le transfert de Félicien Kabuga vers le Mécanisme, qui dispose d’une antenne à Arusha, en Tanzanie et d’une autre à La Haye, au Pays-Bas.

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