Après le Zimbabwe, le Congo, l’Éthiopie, le Sénégal, le Gabon et le Togo, Lazard France a décroché le 27 mai un contrat de conseil auprès de la Zambie afin d’aider le pays à restructurer sa dette.
Selon nos informations, la banque d’affaires, dont le bureau français est dirigé par Jean-Louis Girodolle depuis le départ de Matthieu Pigasse, a été introduite auprès du président Edgar Lungu par Momar Nguer. Ce dernier a créé en janvier à Paris la société de conseil Mnguer Advisory.
Ce contrat de 5 millions de dollars a été soumissionné à la fois par Mnguer Advisory et Lazard. « Pour décrocher la timbale, il était indispensable que Lazard s’associe à une personnalité africaine », décrypte un bon connaisseur des présidences anglophones.
Clients de longue date
Jeune retraité du groupe Total, Momar Nguer a dirigé jusqu’en décembre 2019 la division marketing et services du pétrolier et il continue de conseiller son président, Patrick Pouyanné. Clients de Lazard de longue date, les dirigeants de la major entretiennent des contacts réguliers avec ceux de la banque française, échangeant périodiquement sur leurs affaires africaines.
A Lusaka, le Franco-Sénégalais suivra l’évolution du dossier et pourra servir de relais lorsqu’il faudra faire passer des messages à la présidence. De leur côté, les équipes de Lazard travaillent en lien avec celles du ministre des Finances, Bwalya Ng’andu, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale.
Le dossier sera placé sous la responsabilité de trois associés gérants de Lazard : Pierre Cailleteau, passé par la Banque de France et l’agence de notation Moodys, Thomas Lambert, ancien du Trésor français et du Club de Paris, ainsi que de Michèle Lamarche, banquière historique du département dette souveraine. Sur cet appel d’offres, Lazard était en concurrence avec Rothschild associé à Deutsche Bank, mais aussi avec Newstate Partners (fondé par d’anciens de la banque suisse UBS) et avec White Oak Advisory, habituellement peu actif sur le continent.
Note dégradée
La dette de la Zambie, deuxième exportateur africain de cuivre, inquiétait les financiers avant même la pandémie de Covid-19. En janvier, l’agence Fitch Ratings avait dégradé la note du pays, anticipant un défaut probable. « Le pays emprunte à des taux autour de 25 %. Il a perdu l’accès au marché », indique un analyste au fait du dossier. La dette de Lusaka est estimée à 11 milliards de dollars, dont 1,5 milliard doit être remboursé cette année.