Burkina : « Le repli identitaire n’est pas un risque, il est déjà là »

Douze personnes sont mortes en détention dans une gendarmerie de l’est du Burkina dans des circonstances encore non élucidées. Aziz Diallo, député-maire de Dori, dont l’un des cousins a perdu la vie dans ce drame, réclame justice.

Des militaires burkinabè patrouillent dans la région du Sahel, dans l’est du pays, en mars 2019. © REUTERS/Luc Gnago

Des militaires burkinabè patrouillent dans la région du Sahel, dans l’est du pays, en mars 2019. © REUTERS/Luc Gnago

Aïssatou Diallo.

Publié le 28 mai 2020 Lecture : 6 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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L’affaire est remontée jusqu’au plus haut sommet de l’État. Et le président Roch Marc Christian Kaboré a promis « des décisions sans état d’âme » à l’issue des enquêtes diligentées sur la mort suspecte de douze personnes alors qu’elles étaient en détention dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Tanwalbougou, dans l’est du pays.

Mercredi, le procureur général de la cour d’appel de Fada N’Gourma (est), Rasmané Bikienga, a livré les éléments de l’enquête judiciaire devant la presse. « Au vu des éléments que nous possédons, les douze personnes n’ont pas été tuées par balles », a-t-il affirmé. « Seule une autopsie aurait pu révéler les causes exactes des décès, a cependant précisé le procureur du tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, Bokuy Judicaël Kadéba, et malheureusement, l’autopsie n’a pas pu être réalisée. »

Une version qui est loin de satisfaire les proches des victimes. Aziz Diallo, député maire de Dori, dans le Sahel, dont le cousin figure parmi les morts de Tanwalbougou, assure que celui-ci « a été exécuté ». Il a interpellé le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, pour réclamer que la lumière soit faite sur le drame et, surtout, « que justice soit rendue ».

Jeune Afrique : Que s’est-il passé, selon vous, dans la nuit du 11 au 12 mai dans le poste de gendarmerie de Tanwalbougou ?

Aziz Diallo : On ne sait pas ce qui s’est passé dans la nuit. Ce que l’on sait, c’est que le 11 mai, aux alentours de 13 heures, il y a eu une descente de gendarmes accompagnés de volontaires de défense de la patrie, dans le village de Pentchangou. Selon des témoins, ils sont entrés dans le marché et ont poursuivi toute personne ressemblant à un Peul. Les personnes arrêtées ont ensuite été conduites à Tanwalbougou. Plus d’une quarantaine de personnes auraient ainsi été arrêtées. C’est plus que les 25 annoncés par la suite par la gendarmerie.

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