Économie

Déboires en série pour Andela, en quête d’un modèle

La pandémie intensifie les incertitudes des dirigeants de la jeune pousse quant à la stratégie à tenir pour répondre aux besoins de son marché.

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Mis à jour le 2 juin 2020 à 11:31

Le Covid-19 n’est pas l’unique bâton dans les roues de l’entreprise qui a levé 180 millions de dollars depuis sa création en 2014 et affichait 50 millions de dollars de chiffre d’affaires à la fin de 2019. © Andela/2020

Seul maître à bord d’Andela depuis juillet 2019 et le départ de sa présidente Christina Sass, Jeremy Johnson ne semble annoncer que des mauvaises nouvelles. Début mai, le jeune dirigeant américain, à la tête de la start-up américaine spécialisée dans la formation et le placement de codeurs africains pour le compte des géants internationaux de la tech, a annoncé le licenciement de 10 % de ses équipes, soit 135 personnes au Nigeria, en Ouganda, au Kenya, en Égypte et aux États-Unis, tous métiers confondus (le Rwanda et le Ghana ont été épargnés). L’équipe dirigeante a également réduit ses rémunérations pour participer à l’effort.

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Comme pour de nombreuses entreprises, la pandémie liée au nouveau coronavirus est passée par là et a pour conséquence une baisse de la demande et du portefeuille client d’Andela. Mais le Covid-19 n’est pas l’unique bâton dans les roues de l’entreprise qui a levé 181 millions de dollars depuis sa création en 2014 et affichait 50 millions de dollars de chiffre d’affaires à la fin de 2019.

Outre la réduction des effectifs, Jeremy Johnson dans un communiqué le 7 mai dernier, annonce qu’Andela ouvre son carnet de commandes aux codeurs contractualisés à temps partiel au sein de la start-up. « À l’avenir, nous élargirons le réseau pour inclure les meilleurs ingénieurs de tout le continent, et éventuellement du monde entier – et nous n’exigerons pas que les ingénieurs soient des employés à temps plein pour postuler aux opportunités ».

Depuis le départ de sa cofondatrice et présidente Christina Sass, l’entrepreneur qui en est à sa deuxième start-up spécialisée dans la formation, ne cesse de remettre en question la stratégie à tenir pour Andela.

Série de licenciements

Concentrée initialement sur la formation de profils juniors, Andela s’est réorientée vers les candidats plus seniors à partir de septembre 2019. Là encore, Jeremy Johnson a assumé le mauvais rôle en annonçant la suppression de 420 postes de codeurs juniors formés par ses soins. Faute de parvenir à les placer rapidement chez des clients comme Github, Microsoft, IBM ou Safaricom, le dirigeant formé à Princeton a décidé de concentrer ses efforts – hormis au Rwanda – sur le recrutement et le placement de profils adaptés à leurs commandes.

Former des profils débutant prend plus de temps et coûte donc plus d’argent

Début 2020, une nouvelle salve de départs forcés est intervenue. Le nombre de codeurs licenciés reste inconnu mais selon le site spécialisée WeeTracker, il se pourrait que les profils intermédiaires soient à leur tour ciblés par les coupes dans les effectifs.

Ce qui a majoritairement été présenté comme une erreur de lecture du marché peut aussi être interprété « au regard des attentes des investisseurs, qui doivent inciter l’entreprise à être plus rentable, plus vite », analyse un investisseur requérant l’anonymat. « Former des profils débutant prend plus de temps et coûte donc plus d’argent, surtout s’il passe trop de temps sans mission », poursuit l’expert.

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Deux cadres ont quitté le navire

Plusieurs défections sont intervenues ces dernières semaines dans l’équipe dirigeante. Depuis le 15 mai et après quatre ans de bons et loyaux services, Seni Suleyman, vice-président chargé des opérations d’Andela au niveau mondial a quitté le navire pour « prendre un congé sabbatique, réfléchir, lire, écrire et [se] ressourcer ». Il est remplacé par Omowale David-Ashiru, qui dirigeait auparavant la filiale nigériane.

De son côté, Clément Uwajeneza, directeur d’Andela au Rwanda depuis 2018, très présent dans les médias est-africains, a aussi quitté la structure en avril pour diriger la technologie de BeneFactors Ltd, une jeune pousse rwandaise spécialisée dans les services financiers pour les entreprises. Il est remplacé par Mike B. Ndimurukundo qui s’occupait jusqu’ici du développement de la communauté de codeurs au Rwanda.