Depuis le début de la crise due à la pandémie de Covid-19, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) multiplie l’organisation d’échanges entre les acteurs de l’éducation et de la culture. Le 22 avril, ce sont plus de 140 ministres de la Culture qui ont discuté en ligne de la situation internationale, dramatique pour l’ensemble du secteur.
La directrice générale de l’institution, Audrey Azoulay, espère que ces sessions de « brainstorming » en ligne auront un effet vertueux : accélérer la mise en place de mesures favorables aux créateurs, telle l’extension de la protection sociale des artistes.
L’Unesco essaie aussi de relayer les bonnes idées des uns et des autres, comme le projet du Musée des civilisations noires de Dakar de présenter des expositions à la télévision. Enfin, elle s’évertue à relayer la parole des artistes auprès des décideurs.
Concernant le secteur de l’éducation, les membres de l’institution alertent les gouvernements sur des sujets particulièrement sensibles, comme le risque de décrochage scolaire chez les filles, une réalité constatée notamment pendant la crise d’Ebola.
Trouver sa place dans la résolution de la crise n’est pas aisé. Audrey Azoulay parie donc sur un plaidoyer argumenté. Interview.
Jeune Afrique : L’Unesco a lancé un programme pour réfléchir aux moyens, pour le secteur de la culture, de surmonter les effets à long terme de la pandémie. Quels sont les constats et les idées qui en ressortent ?
Audrey Azoulay : La culture joue un rôle dans la résilience des sociétés, dans leur capacité à se projeter et à s’unir. Elle est aussi très importante sur le plan économique : elle représente 3 % du PIB mondial et environ 30 millions d’emplois. Mais c’est aussi un secteur particulièrement fragile et précaire. L’impact économique de la crise du Covid-19 sur le secteur culturel est très sévère, avec la fermeture des cinémas, théâtres, musées, salles de spectacle, sites du patrimoine dans plus de 80 % des pays dans le monde.