La Minusma accuse les armées malienne et nigérienne d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires

Les forces de sécurité maliennes ont commis 101 exécutions extrajudiciaires entre le 1er janvier et le 31 mars, a affirmé jeudi 30 avril la Mission de l’ONU au Mali, la Minusma, qui accuse également l’armée nigérienne d’une trentaine d’exécutions extrajudiciaires sur le territoire malien pendant la même période.

Un convoi de l’armée malienne roule à travers le sable dans le désert entre Gao et Anefis, en juillet 2013 (photo d’illustration). © Rebecca Blackwell/AP/Sipa

Publié le 2 mai 2020 Lecture : 2 minutes.

La division des droits de l’homme de la Minusma, dans une note trimestrielle, relève une « multiplication des exécutions extrajudiciaires (101 victimes) » qui sont « imputables » à l’armée malienne.

En outre, « 32 cas de disparitions forcées », « 32 cas de torture ou traitement cruel inhumain ou dégradant », ainsi que « 115 arrestations arbitraires », tous « imputables » aux forces de sécurité maliennes, ont été recensés par l’ONU.

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« Ces chiffres ont été documentés. Les noms, les circonstances ont été documentés », a déclaré à la presse Guillaume Ngefa, directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma. Ces cas « font l’objet d’enquêtes par les autorités maliennes », a-t-il ajouté.

Le centre du pays, épicentre des violences

La Minusma note que « la majorité » de ces violations des droits de l’homme ont été commises par l’armée dans le centre du pays, épicentre des violences dans le conflit malien. Cette région, depuis l’apparition en 2015 d’un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, connaît une multiplication des violences jihadistes, de milices, intercommunautaires ou liés au brigandage, souvent entremêlées.

Le porte-parole du ministère malien de la Défense n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter ces déclarations.

Dans les mêmes régions du centre, l’ONU relève une « multiplication des attaques armées entre les membres des communautés peule et dogon », en indiquant que 35 attaques ont été documentées en trois mois, qui ont fait 180 morts.

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Les groupes jihadistes évoluant au Mali se sont quant à eux rendus coupables, outre d’attaques contre des camps militaires qui ont fait des dizaines de morts, de 39 meurtres, 46 enlèvements et 18 cas de torture entre le 1er janvier et le 31 mars, selon l’ONU. Ces groupes « sont de plus en plus responsables » de violations des droits de l’homme, selon Guillaume Ngefa.

« La question, c’est quand est-ce que les procès auront lieu ? », s’interroge Guillaume Ngefa, en estimant qu’il « ne faudrait pas que la crise du Covid nous distraie, alors que les violations des droits de l’Homme continuent, surtout (dans le) centre » du Mali.

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L’armée nigérienne accusée

Sur la même période, l’ONU a également documenté 34 exécutions extrajudiciaires commises par l’armée nigérienne sur le territoire malien : à Inekar (24 victimes), à Anderamboukane (5 victimes), et 5 autres victimes « dans une localité située entre Anderamboukane et Chinagodar ». Ces lieux sont tous situés dans le nord-est du Mali, proches de la frontière nigérienne.

Dans un communiqué récent, les autorités nigériennes avaient réagi aux mêmes accusations : « les éléments des FDS (Forces de défense et de sécurité) ont toujours fait montre de professionnalisme dans l’exercice de leurs missions en respectant les droits de l’Homme. Les troupes déployées dans toutes les zones d’opérations sont bien formées et sensibilisées sur les questions de droit international humanitaire ».

« Vu la gravité des allégations tendant à discréditer les actions de nos FDS dans leur combat contre les groupes armés terroristes et autres groupes criminels, des enquêtes seront menées afin de laver nos forces de tout soupçon », assurait le ministère de la Défense.

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