Confinement : comment prendre soin des cheveux afros ?
La fermeture des boutiques spécialisées et des salons de coiffure rend difficile l’entretien des frisettes et bouclettes. Mais des solutions à portée de main, ou de clic, existent.
« Confinons nos cheveux », prévient Aline Tacite, coiffeuse spécialiste des cheveux crépus, frisés et bouclés. Pour la fondatrice du salon Boucles d’ébène, situé en région parisienne et fermé depuis le 17 mars en raison du confinement imposé par l’épidémie de Covid-19, cette période est propice à l’entretien capillaire.
La professionnelle aime filer la métaphore: « Si nous sommes obligés de rester enfermés chez nous pour rester en bonne santé, c’est la même chose pour nos cheveux. Ils doivent profiter de cette période pour être protégés », glisse celle qui préconise le port d’un foulard en satin – matière qui permet de maintenir l’hydratation dans la fibre capillaire – autour de la chevelure, à envelopper après l’avoir lavée, hydratée puis nattée. Des coiffures dites protectrices qu’Aline Tacite montre comment réaliser sur Instagram TV depuis fin mars.
Préférer le soin au coiffage : une évidence pour celle qui organise aussi un live hebdomadaire sur le réseau social afin de répondre aux problématiques d’une clientèle aujourd’hui en forte demande d’accompagnement. Dans l’audience, des parents en détresse face au démêlage des cheveux de leurs bambins, et une grande majorité de femmes – les hommes ayant été nombreux à céder à l’appel de la tondeuse au début du confinement.
« Une grande majorité de femmes noires a pris pour habitude de confier leur coiffure à un tiers. Cette absence d’autonomie est un vrai handicap pendant le confinement parce que beaucoup d’entre elles ne connaissent pas leurs cheveux et sont dans l’incapacité d’en prendre soin seules », éclaire Aline Tacite.
Et ceci est d’autant plus vrai pour les adeptes des mèches et rajouts. « Le port du tissage ne doit pas excéder quatre à six semaines. La durée du confinement en France étant de huit semaines, cela pose de sérieux problèmes. Il vaut mieux le retirer », relève l’experte, qui propose pour ce faire de se tourner vers les nombreux tutos présents sur la Toile, même si l’exercice lui semble délicat.
Mais une fois encore, l’esthétique est secondaire face à l’urgence de maintenir une bonne hygiène capillaire. Pour cette fervente défenseuse du cheveu naturel, il est impératif de se détourner de tout type de manipulation chimique à domicile. Aux oubliettes, donc, les défrisages prêts à l’emploi. « Ce geste technique et chimique est à laisser aux professionnels », avertit-elle.
Même son de cloche du côté de Nathalie Avomo Essono, auteure du Petit Manuel des coiffures crépues (2019), en rupture de stock depuis le confinement. Cette nappy de 28 ans encourage les femmes à laisser respirer leurs cheveux en l’absence de pression sociale. « C’est une chance de ne pas avoir à s’apprêter pour aller travailler. L’occasion de laisser reposer son afro qui subit d’ordinaire énormément de pression, comme celle du sèche-cheveux. Nous avons le temps de laisser sécher à l’air libre, profitons-en », relève la Française d’origine guinéenne.
Limiter les gestes et s’en tenir au shampoing, à l’après-shampoing, au démêlage et au masque, les expertes sont unanimes sur cette routine à suivre. L’occasion de relever des défis et de stimuler la pousse en suivant les rituels proposés par les influenceuses en période de confinement.
Mais difficile de prendre correctement soin des têtes crépues et frisées quand l’accès aux produits spécialisés se retrouve limité en raison de la fermeture des boutiques afros. « On a tendance à vouloir trouver le produit miracle, remarque Nathalie Avomo Essono. Or il convient en ce moment de revenir à l’essentiel et de composer avec ce que l’on a dans les placards. » Et donc de passer par les réserves alimentaires ! « On a toutes de l’huile d’olive ou de coco dans notre cuisine », glisse-t-elle.
Créativité
Mais si ces huiles protègent et adoucissent la chevelure, Aline Tacite tient à préciser qu’elles n’apportent pas l’hydratation dont les cheveux afros, naturellement secs, ont besoin. Ainsi, elle recommande des agents naturels comme les graines de lin, l’hibiscus ou encore les feuilles d’aloe vera – dont on extrait le gel –, que l’on peut trouver au rayon fruits et légumes de certains supermarchés bio restés ouverts. L’idéal étant de concocter soi-même ses recettes, « les composés bruts ayant un impact superficiel sur la chevelure », prévient la spécialiste.
Prendre le temps de faire soi-même mais aussi de s’amuser ! Face à l’ennui qu’induit le confinement, certaines redoublent de créativité. « J’ai plus de temps, donc j’en profite pour tester de nouvelles coiffures et inspirer ma communauté », indique Nathalie Avomo Essono, qui répond également aux défis capillaires ayant fleuri sur Instagram ces dernières semaines.
À l’exemple du #claphairchallenge, lancé par l’influenceuse sénégalo-ivoirienne Fatou Diedhiou, consistant à réaliser le maximum de coiffures différentes pour montrer le champ des possibles qui s’offre aux cheveux afros. Une période également propice à l’audace. En témoigne la vidéo postée par la blogueuse Fatou N’Diaye, qui n’a pas hésité à se couper les cheveux elle-même… En attendant la réouverture des salons !