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Vital Kamerhe au Palais de la Nation, à Kinshasa, le 18 février 2020. © Caroline Thirion pour JA

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Affaire Vital Kamerhe en RDC : un directeur de cabinet face à la justice 

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Société

RDC : pourquoi les négociations secrètes pour une libération provisoire de Vital Kamerhe ont échoué

Dix-sept jours après l’incarcération du directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, les magistrats en charge de l’instruction ont renvoyé le dossier devant le tribunal de grande instance de Kinshasa. La veille, Vital Kamerhe avait pourtant failli bénéficier d’une remise en liberté provisoire.

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Mis à jour le 25 avril 2020 à 21:10

Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. © Robert Carrubba pour JA

Vital Kamerhe comparaîtra bien devant le tribunal de grande instance (TGI) de Kinshasa/La Gombe. Cette information a été confirmée à Jeune Afrique par les avocats du directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. La date de la première audience n’a pas encore été fixée.

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Le procureur général près la cour d’appel de Kinshasa-Matete, Kisula Betika Yeye Adler, a donc clôturé son instruction dans le cadre de l’enquête sur le programme des cent jours de Félix Tshisekedi et décidé de renvoyer l’affaire devant la justice. Le directeur de cabinet du président congolais est accusé de « détournement de deniers public », « blanchiment d’argent » et « corruption » dans le cadre de la gestion des fonds alloués à ce programme d’urgence lancé en mars 2019.

« Sérieux indices de culpabilité »

Le 11 avril dernier, la justice avait déjà décidé de maintenir le directeur de cabinet en détention préventive pour quinze jours, estimant qu’il existait de « sérieux indices de culpabilité ». Les magistrats s’intéressent notamment à deux dossiers. Le premier concerne la construction de maisons préfabriquées par Husmal et Samibo, deux sociétés appartenant à l’entrepreneur libanais Jammal Sammih, arrêté pour sa part en février. Le second a trait à un marché de gré à gré attribué à l’entreprise Trade plus, qui aurait reçu la somme de dix millions de dollars pour la fourniture de médicaments alors qu’elle n’est pas spécialisée dans le domaine pharmaceutique.

Lors de ses auditions, Vital Kamerhe a nié les faits qui lui sont reprochés. Au cours des dernières semaines, il avait été confronté à différents acteurs du dossier, y compris d’autres membres de la commission chargée de gérer le programme d’urgence des 100 jours à la présidence.

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Le directeur de cabinet sera donc maintenu en détention à Makala en attendant son procès. Selon nos informations, il avait pourtant entamé, depuis le 20 avril, une très discrète procédure de demande de mise en liberté provisoire. Après deux premiers refus, il avait cette fois pris le parti de formuler sa demande en toute confidentialité. Pour ce faire, il a eu recours aux services d’un cabinet d’avocats différent de celui qui a assuré sa défense jusqu’ici et dont les deux premières requêtes ont été déboutées.

Patient à risque « très élevé »

Dans cette troisième demande, que Jeune Afrique a pu consulter, Vital Kamerhe fondait sa requête sur trois arguments : « Ma fuite et ma soustraction de la justice ne sont pas à craindre en considération de ma fonction actuelle de directeur de cabinet du président de la République et de mes références domiciliaires et résidentielles, qui sont notoirement connues », écrit Vital Kamerhe au procureur général près la cour d’appel.

Par ailleurs, « il n’existe plus à date une quelconque possibilité de collusion avec les divers protagonistes de l’affaire », ajoute-t-il. Et de conclure : « Je note qu’il n’existe pas une possibilité éventuelle de dissimulation des éléments de preuves, [étant donné] que je vous ai présenté tous les éléments possibles en ma possession. Aussi je vous informe que mon état de santé requiert des soins appropriés qui nécessitent un environnement propre en cette période de pandémie de Covid-19, pour laquelle mes antécédents médicaux constituent un des facteurs de risques élevés. »

Dans le rapport médical de l’hôpital Médecin de nuit, à Kinshasa, auquel Jeune Afrique a eu accès, les médecins de Vital Kamerhe le classent en effet dans la catégorie des  » patients à risque très élevé face au coronavirus, compte tenu de son âge avancé (61 ans) et de multiples autres facteurs ». L’hôpital recommande donc son transfert « urgent » dans une institution médicale équipée.

Selon nos informations, le vendredi 24 avril, cette troisième procédure était « acquise à 90% ». Il ne restait qu’à « déterminer le montant de la caution à payer ». Une source proche du dossier affirme que c’est tard dans la nuit que la hiérarchie judiciaire a finalement décidé de refuser la remise en liberté provisoire.

« Pourquoi l’état d’urgence ne s’applique pas à son cas ? Comment croire que ce n’est pas une manoeuvre politique ? », fulmine-t-on dans l’entourage de Vital Kamerhe.