Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a signé des ordonnances, le 22 avril, en conseil des ministres pour la mise en œuvre d’un arsenal de mesures destinées à soutenir l’industrie locale du cacao et les exportateurs nationaux.
Une initiative inédite pour rendre compétitifs les acteurs ivoiriens contre les multinationales qui dominent le secteur : les cinq grands que sont l’américain Cargill, le singapourien Olam, le suisse Barry-Callebaut (Saco) et les français Touton et Sudcen totalisent à eux seuls plus de 50 % de parts de marché.
Des aides plafonnées et encadrées
Le gouvernement a décidé d’accorder une subvention de 35 francs CFA par kilogramme aux entreprises locales d’exportations de fèves à partir de cette campagne 2019-2020 toujours en cours, et cela pendant quatre saisons. « Ces ordonnances visent à garantir la présence et la compétitivité, dans ces filières importantes de l’économie cacaoyère, des acteurs nationaux menacés de disparition du fait de difficultés majeures » estime Sidi Touré, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement.
Des restrictions ont été émises pour les bénéficiaires de ce soutien : en sont exclus « les exportateurs locaux qui ont déjà été en défaut d’exécution de leur(s) contrat(s) » a confié une source gouvernementale à Jeune Afrique. L’État a également plafonné son aide à un volume de 50 000 tonnes par exportateur, soit 15 à 20 % des volumes moyens traités annuellement par les acteurs nationaux du secteur (250 000 et 300 000 tonnes par an).
Baisse du prix des licences pour les transformateurs
Les fonds destinés à financer cette subvention – dont le coût est estimé à plus de 87,5 milliards F CFA par campagne – seront prélevés sur les comptes bancaires de la stabilisation du Conseil café cacao.
Dans le secteur de la transformation des fèves – dont les acteurs ivoiriens ont pratiquement disparu -, le gouvernement a mis en place un fonds de soutien de 10 milliards de F CFA. Les transformateurs locaux vont en outre bénéficier d’une réduction conséquente du prix de la licence, qui passe de 200 à 25 millions de F CFA.
Pour relever ce secteur industriel sinistré, l’État par le canal du CCC, a lancé en 2018 Transcao, une entreprise dédiée au broyage des fèves, mais celle-ci peine à atteindre un rythme de croisière. Sur les 2 millions de tonnes de fèves de cacao produites par la Côte d’Ivoire, seules 550 000 tonnes ont été broyées localement lors de la dernière campagne, loin de l’objectif de 50 % fixé par le gouvernement.