Économie

Le coronavirus brise la relance de Rougier en Centrafrique

Après son rachat par le négociant camerounais Fabrice Siaka, l’ancienne entreprise française Rougier Sangha-Mbaéré a vu ses activités bloquées pendant plus d’un an par le gouvernement centrafricain. La production commençait juste à reprendre lorsque la pandémie de Covid-19 est apparue.

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Par - à Bangui
Mis à jour le 27 avril 2020 à 11:05

Stockage de bois sur le port de Douala, en 2011 (image d’illustration). © Jean-François Rollinger pour JA

Les activités de l’entreprise Rougier Sangha-Mbaéré (RSM), bloquées pendant plus d’une année, ont repris début janvier en Centrafrique.

L’entreprise, rachetée en juillet 2018 par le négociant camerounais Fabrice Siaka, a peiné à démarrer son exploitation en raison d’altercations administratives et financières avec l’État centrafricain.


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Selon nos sources, RSM, qui avait pourtant obtenu son autorisation d’exploitation par la convention définitive auprès des autorités centrafricaines en septembre 2018, a vu ses activités bloquées par Bangui au motif qu’elle ne payait pas ses droits d’exploitation forestière.

« Il s’agissait surtout d’une incompréhension. Le gouvernement pensait qu’un transfert de permis d’exploitation avait eu lieu alors qu’il ne s’agissait que d’un simple changement de responsable à la tête de l’entreprise en Centrafrique. La situation a depuis été clarifiée juridiquement, et le gouvernement a levé son blocage de l’activité » explique Didier Martial Pabandji, le nouveau directeur général de l’entreprise.

Une reprise contrastée

À la recherche d’un nouveau directeur général, Fabrice Siaka a pu faire signer, fin 2019, Didier Martial Pabandji, ancien haut cadre de l’administration centrafricaine, qui a acquis 15 % du capital de l’entreprise.

Celui-ci a mis sa connaissance des rouages de l’administration au service de l’entreprise, et a permis de lever le blocage et de relancer les activités de RSM. « Je ne pouvais commencer la mission que Fabrice Siaka m’avait confiée que si je parvenais à débloquer la situation », explique ce dernier à Jeune Afrique.

Depuis janvier 2020, l’entreprise a exporté entre 3 000 et 5 000 m3 de bois, et prévoyait un chiffre d’affaires annuel de 30 millions d’euros.  Des perspectives à revoir à la baisse, alors que les échanges mondiaux sont en chute libre. « Les frontières se fermant les unes après les autres, nous ne pouvons pas exporter nos productions », relate Didier Martial Pabandji. Du fait de cette chute des exportations, mais aussi de la mise en place des précautions sanitaires d’usage (gestes barrière, etc.), le directeur général indiquent que les cadences ont diminué de 50 %.

Didier Martial Pabandji se dit inquiet des conséquences de la crise pour l’entreprise, mais aussi pour l’ensemble de l’économie centrafricaine. Avec plusieurs centaines de salariés, RSM est le plus gros employeur de la région de Sangha-Mbaéré.