Dans ces 670 pages rédigées par Pierre Péan peu avant sa mort en juillet 2019, sorte de « making-of » de la quarantaine d’enquêtes qu’il a menées et publiées, l’Afrique occupe une place majeure – il y a consacré dix livres – et tout particulièrement le Gabon, pays où il mit les pieds pour la première fois en 1962 et avec lequel il a entretenu une relation tumultueuse sur laquelle il revient en détail.
Conversations « africaines »
L’écrivain raconte notamment ses entretiens avec les présidents Omar et Ali Bongo Ondimba, mais aussi avec leur homologue congolais Denis Sassou Nguesso, lesquels lui livrent des « confidences » dont une brochette de personnalités françaises comme Dominique de Villepin, Bernard Kouchner, Claude Guéant ou Nicolas Sarkozy ne sortent pas indemnes. Au menu également, des conversations « africaines » avec François Mitterrand, Jacques Chirac, François Hollande, Jacques Foccart et François de Grossouvre.
On ne s’étonnera guère enfin de voir Pierre Péan défendre bec et ongles – mais sans apporter d’éléments nouveaux – trois de ses enquêtes les plus controversées : celle concluant à la responsabilité de l’Iran (et non de Mouammar Kadhafi) dans l’attentat contre le DC10 de l’UTA au-dessus du Niger en 1989 ; les sulfureuses « Nouvelles affaires africaines », où il s’en prenait à la filiation d’Ali Bongo Ondimba, ce qui lui valut d’être condamné à Paris pour diffamation ; et son « investigation » sur le Rwanda, laquelle dépeignait le président Paul Kagame comme l’instigateur du génocide des Tutsis. Concernant cette dernière affaire, pour laquelle il a été accusé de négationnisme, Pierre Péan a tout de même ces mots qui sonnent comme une esquisse d’autocritique : « J’y ai laissé, hélas, une part de ma crédibilité. »