Face à la crise sanitaire et économique due au coronavirus Covid-19, le FMI a activé deux mécanismes d’appuis aux pays membres : l’Instrument de financement rapide (IFR), un crédit qui doit être remboursé entre trois et cinq ans, et des prêts à taux 0 remboursables en dix ans via la Facilité de crédit rapide (FCR).
« Pour les deux mécanismes, chaque pays peut obtenir jusqu’à 50 % de sa quote-part mais des discussions sont en cours pour passer à 100% », a appris Jeune Afrique auprès du FMI.
Quatre enveloppes déjà débloquées
Selon le décompte réalisé par JA, les requêtes de six pays africains au titre de ces aides seront examinés par le conseil d’administration du Fonds d’ici une semaine. La demande du Gabon sera étudiée jeudi 9 avril, celle de la Tunisie le lendemain. Et le programme est chargé pour la semaine suivante avec l’examen de celles du Tchad, du Sénégal et du Ghana le 13 avril, du Niger et du Burkina Faso le jour suivant. D’ici à la fin du mois, celles du Cameroun et de la République centrafricaine devraient également l’être, selon nos informations.
Quatre pays ont déjà vu leurs requêtes approuvées par le fonds : le Rwanda (109,4 millions de dollars), le Togo (131,1 millions), Madagascar (165,66 millions) et la Sierra Leone (21,13 millions).
Au total, selon nos informations, au 7 avril, une trentaine de pays africains – dont ceux mentionnés plus haut – avaient déjà approchés les équipes du FMI, qui rappellent cependant que « la situation évolue de jour en jour ».
1,77 milliard de dollars de requête
À l’exception de la Sierra Leone (8 %), les requêtes déjà approuvées par le Fonds dans le cadre de l’aide contre le Covid-19 représentent au moins 50 % de la quote-part des pays africains concernés.
Dans le cas du Togo, l’aide du FMI atteint 66 % de la quote-part du pays. Estimée en fonction du poids de chaque économie, avec une surpondération dans le cas de pays très pauvres comme la Sierra Leone, elle détermine le niveau de financements que peut accorder le FMI aux pays membres.
À cette aune, ce sont pas moins de 1,77 milliard de dollars de requêtes émanant des pays africains que le FMI devrait examiner d’ici à la fin du mois d’avril. Dans le cas du Sénégal, les équipes de Kristalina Georgieva et le gouvernement de Macky Sall ont déjà annoncé un accord de principe sur une aide de 221 millions de dollars (50,3% de la quote-part du pays).
De la même façon, ces ressources pourraient atteindre au moins 500 millions de dollars dans le cas du Ghana (50 % de sa quote-part). Suivraient la Tunisie (370 millions de dollars), le Cameroun (187 millions), le Gabon (146,7 millions), le Tchad (95 millions), le Niger (89,4 millions), le Burkina Faso (81,8 millions) et la Centrafrique (75,7 millions), selon les calculs de Jeune Afrique.
Il faut toutefois noter que – à l’image de la Sierra Leone – les États africains peuvent solliciter des ressources en-dessous de 50 % de leurs droits. Aussi, les montants de 88 milliards de F CFA (soit 145 millions de dollars), 110 milliards de FCFA (181,1 millions de dollars) et 18 milliards de FCFA (29,6 millions de dollars) sont évoqués pour le Gabon, le Cameroun et pour la Centrafrique, respectivement, sans qu’il ne soit possible à ce stade de les confirmer.
Inversement, la ministre nigériane des Finances, Zainab Ahmed, a indiqué le lundi 6 avril être en négociations pour obtenir 3,4 milliards de dollars du Fonds (soit environ 100 % de la quote-part du pays au FMI). Le pays espère mobiliser un total de 6,9 milliards auprès du FMI, ainsi que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
Négociations à distance
Le 24 mars, la Bulgare Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, s’était dite disposée à apporter jusqu’à 10 milliards de dollars aux « pays pauvres » pour les aider à répondre à la pandémie du Covid-19, soit « 50 % de la quote-part des pays éligibles ».
Les négociations se déroulent par visioconférence et téléphone entre le ministère des Finances de chaque État sur le continent et l’équipe pays dédiée au sein du département Afrique du FMI outre-Atlantique, avec le soutien du représentant local du FMI.
« Ces personnes se connaissent bien et sont habituées à échanger régulièrement, notamment pour les pays sous programme. Cela explique la rapidité de réaction », commente-t-on au FMI.