Politique

Niger : Issoufou Katambé, un ministre « secret-défense » à la tête d’une armée ébranlée

Alors qu’il a lancé, à la demande du chef de l’État, un audit de son ministère de la Défense qui promet déjà d’être explosif, Issoufou Katambé est au centre des attentions. Portrait de cet homme de l’ombre, vieux compagnon de Mahamadou Issoufou et pilier du parti au pouvoir.

Réservé aux abonnés
Mis à jour le 2 avril 2020 à 13:44

Issoufou Katambé, ministre de la défense du Niger © Louis Vincent

Ce 11 décembre 2019, Issoufou Katambé mesure une nouvelle fois l’ampleur de la tâche qui lui incombe désormais. Dans le Boeing présidentiel qui les ramènent d’Assouan, où ils étaient les invités du Forum pour la paix et le développement durables, le ministre de la Défense et le chef de l’État, Mahamadou Issoufou, se préparent à des moments difficiles.

Quelques heures plus tôt, ils ont appris la mort de 71 soldats nigériens dans l’attaque du camp militaire d’Inates. À quelques kilomètres de la frontière malienne, dans la région de Tillabéry, l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) a une nouvelle fois frappé. L’armée est ébranlée. Le pays stupéfait. Le ministre de la Défense, lui, sait qu’il ne devra laisser transparaître aucune émotion sitôt atterri sur le tarmac de l’aéroport de Niamey.

À LireL’armée nigérienne au cœur d’un scandale sur des soupçons de surfacturations et de détournements

Visage fermé, voix assurée, discours martial… La panoplie du ministre chef de guerre, Issoufou Katambé l’avait déjà endossée quelques semaines plus tôt, en des circonstances moins tragiques. C’était lors d’un autre forum sur la paix et la sécurité en Afrique, à Dakar. À la tribune, très applaudi, il avait martelé que « la sécurité [était] un bien mondial ». « Nous avons mis en place des coalitions en Syrie, en Afghanistan… Mais pas au Sahel. Pourquoi ? Est-ce une question de pétrole ? » s’interrogeait-il ce 19 novembre 2019.

L’homme de confiance du président