Rokia Traoré toujours en grève de la faim, son avocat « très inquiet »

La chanteuse, écrouée en France à la prison de Fleury-Mérogis, poursuit sa grève de la faim entamée il y a une semaine. Les soutiens internationaux se multiplient.

La chanteuse et musicienne franco-malienne Rokia Traoré, à Cannes en 2015 (archives). © Vianney Le Caer/AP/SIPA

La chanteuse et musicienne franco-malienne Rokia Traoré, à Cannes en 2015 (archives). © Vianney Le Caer/AP/SIPA

leo_pajon

Publié le 20 mars 2020 Lecture : 2 minutes.

« Cela fait 48 heures que je n’ai pas pu lui parler, je suis très inquiet. » Maître Feliho Kenneth, l’avocat de Rokia Traoré ne cache pas ses craintes.

Alors que la France s’impose comme un des plus importants foyers de la pandémie de coronavirus en Europe, les prisons ne sont pas épargnées par les contaminations (un détenu est mort le 16 mars à Fresnes).

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« Affaiblie »

« Rokia Traoré se désaltère mais ne mange rien depuis une semaine, son système immunitaire est affaibli… souligne l’avocat. Nous avons demandé une remise en liberté pour raisons médicales le 16 mars qui n’a pas été entendue. »

Pour ne rien arranger, il ne peut plus voir sa cliente : « Je suis allé à Fleury-Mérogis hier (jeudi, ndlr), mais les parloirs sont inaccessibles aux avocats, il est impossible de consulter les dossiers, c’est une entrave à nos activités, nous ne pouvons pas préparer nos défenses ! »

Le 25 mars, la cour d’appel de Paris doit déterminer si l’artiste malienne doit, ou non, être remise à la Belgique. Arrêtée le 10 mars à l’aéroport de Roissy, accusée par la justice belge d’« enlèvement, séquestration et prise d’otage » de sa propre fille de cinq ans, Rokia Traoré encourt une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Elle persiste à ne pas vouloir rendre l’enfant à son ancien compagnon, le dramaturge belge Jan Goosens, arguant que celui si a fait subir des attouchements à leur petite fille.

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La mobilisation internationale, notamment des milieux artistiques et politiques, n’a pas diminué malgré l’actualité. Une pétition sur change.org a rassemblé plus de 30 000 signataires avant d’être fermée : elle devrait être bientôt relancée sur une autre plateforme.

Personnalités mobilisées

Le 18 mars, de nombreuses personnalités, dont Souleymane Bachir Diagne, Mati Diop, Achille Mbembé, Edgar Morin, Felwine Sarr, Omar Sy ou Lilian Thuram, ont signé une tribune dans le quotidien français Libération pour réclamer la libération de l’artiste.

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« Il n’est pas acceptable qu’aujourd’hui, en France, une mère qui se rend au procès en appel pour la garde de son enfant soit arrêtée et jetée en prison », notent les signataires.

L’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira s’étonnait quant à elle sur sa page Facebook de l’ « étrange urgence » conduisant à l’arrestation de Rokia Traoré, « drôle de façon » de protéger sa fille. La Sacem, société française qui collecte les droits d’auteur, s’est elle aussi fendue d’un communiqué.

Dans ce combat judiciaire, loin d’être tranché, ce sont aussi les justices de deux pays qui s’affrontent. Car une décision malienne, rendue dans un tribunal de Bamako, demande que la garde soit confiée à la mère, tandis que celle rendue à Bruxelles demande la garde exclusive au père…

Feliho Kenneth estime qu’avec l’arrestation de Rokia Traoré, « quelque part, on s’assoit sur la souveraineté de l’État malien. »

Les autorités maliennes s’étaient engagées à soutenir l’artiste. Et aujourd’hui le bâtonnier Kominé Bocoum, avocat de l’État malien, assiste l’avocat de la chanteuse. L’avocat du père, Frank Berton, contacté par la rédaction, reste pour l’heure injoignable.

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