Mali – Mahmoud Dicko : « L’essentiel est que le dialogue avec les jihadistes se tienne »

L’influent imam, figure de proue des partisans du dialogue avec les jihadistes au Mali, dénonce la mauvaise gouvernance et répond à ses détracteurs qui lui reprochent de s’impliquer sur la scène politique.

L’imam Dicko, lors d’un rassemblement du Haut conseil islamique  Bamako, en 2012 (archives). © REUTERS/Adama Diarra

L’imam Dicko, lors d’un rassemblement du Haut conseil islamique Bamako, en 2012 (archives). © REUTERS/Adama Diarra

Aïssatou Diallo.

Publié le 20 mars 2020 Lecture : 6 minutes.

Mi-février, pour la première fois, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a reconnu que le contact avait été établi avec les deux principaux chefs du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) : Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. Cette rupture avec la position officielle affichée depuis 2012 a provoqué un tollé à Bamako.

La réponse à la main tendue du président malien est venue sous la forme d’un communiqué, daté du 8 mars, dans lequel le groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, affirme être « prêt à engager des négociations avec le gouvernement malien », mais pose ses conditions : le départ de la Minusma et de Barkhane comme préalable à toute discussion.

À Bamako, l’un des principaux acteurs à plaider en faveur d’un tel dialogue avec les jihadistes est le très influent imam Mahmoud Dicko, qui défend l’idée de « parler avec des fils du pays ». L’ancien président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), quia fondé en août 2019 la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), a lancé un appel à la trêve à ceux qu’ils qualifient de « fils du pays ».

L’imam Dicko a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique, lors d’un entretien dans sa résidence du quartier de Baco Djicoroni ACI. C’est dans cette villa, située près du fleuve, qu’il reçoit ses visiteurs.

Outre le dialogue avec les jihadistes, celui que certains qualifient d’« acteur hybride » tant il a un pied dans le religieux et l’autre dans le monde politique, revient également sur sa vision de la gestion du pays et de ce qu’il pense nécessaire pour sortir de l’insécurité chronique.

Jeune Afrique : Vous êtes, depuis longtemps, l’un des fervents partisans du dialogue avec les groupes jihadistes. Êtes-vous satisfait de l’annonce du gouvernement, qui veut désormais entrer en contact avec Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly ?

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Mahmoud Dicko : C’était effectivement mon point de vue. J’y crois, car je pense qu’un pays qui dégringole comme le Mali, avec tous les problèmes que nous connaissons, ne pourra pas supporter une guerre sans fin. Il faut trouver un moyen pour minimiser la guerre et de faire face à d’autres défis.

Pendant longtemps, les gens n’ont pas jugé nécessaire d’envisager d’autres approches pour sortir de cette guerre. Pour moi, le combat est multiple. Il faut sortir du tout sécuritaire.

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Peut-être que je n’avais pas été compris, mais maintenant que le principe du dialogue a été accepté officiellement, plusieurs questions se posent. Quelle approche pour ce dialogue ? Comment allons-nous procéder pour nous comprendre ? Si on n’élargit pas aussi les contours de ce dialogue, cela peut amener vers un échec. Je ne le souhaite pas.

Le GSIM affirme vouloir accepter la proposition de dialogue avec les autorités maliennes, mais pose comme condition le départ de la Minusma et de Barkhane. Cela vous semble-t-il réaliste

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