Sobre, crispé et très court. Le conseil des ministres qui s’est tenu vendredi 28 février, quelques heures après l’annonce du décès brutal du général Delphin Kahimbi, s’est tenu dans une atmosphère inhabituelle. Et avec du retard. Annoncé à 13 h, la réunion n’a finalement démarré qu’en fin d’après-midi. « La nouvelle du décès était connue depuis le matin, et il fallait veiller, d’abord, à prendre des mesures pour parer à toute éventualité », nous confie une source au sein du cabinet de Félix Tshisekedi.
Après avoir confirmé le décès du chef d’état-major adjoint des FARDC en charge du renseignement militaire, et fait observer une minute de silence, Félix Tshisekedi – « visiblement affecté », selon un ministre présent – , a exposé devant l’équipe gouvernementale les premiers éléments qu’il avait alors en sa possession, notamment concernant les premières constatations médico-légales.
Éléments de l’enquête
Exprimant ses « regrets » devant la perte d’un haut officier de l’armée, le président congolais a expliqué que Delphin Kahimbi avait été empêché de voyager en Afrique du Sud, le 20 février, puis suspendu de ses fonctions par le Conseil national de sécurité car il était soupçonné d’avoir placé sur écoute Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, ainsi que huit de ses collaborateurs. Il a aussi fait état d’informations concernant des commandes de matériels d’écoute destiné à surveiller Félix Tshisekedi lui-même.
Des soupçons alimentés, selon les propos du président rapportés par plusieurs ministres, par « des informations recueillies par des services de renseignements ». Le directeur de cabinet de Delphin Kahimbi – qui a été arrêté et auditionné à la même période que ce dernier – aurait confirmé ces accusations devant ces mêmes « services », entre les mains desquels il était toujours, ce lundi.
Delphin Kahimbi, qui a rejeté avec force ces accusations, avait ensuite été assigné à résidence pour « être à la disposition du Conseil national de sécurité », s’est alors également vu retirer le dispositif qui assurait jusque-là sa sécurité.
Félix Tshisekedi a aussi livré quelques détails sur les premiers éléments de l’enquête. Selon trois ministres présents, il aurait en particulier déclaré aux membres du gouvernement que des « traces de strangulation » avaient été observées sur le corps du général Delphin Kahimbi, ajoutant qu’il souhaitait que « les enquêtes soient rapidement menées afin de déterminer les circonstances exactes de sa mort ».