Selon plusieurs sources au sein du Conseil national de sécurité (CNS), le général Delphin Kahimbi, chef d’état-major adjoint des FARDC en charge du renseignement militaire est décédé ce vendredi à l’hôpital du cinquantenaire, à Kinshasa. L’information a été confirmée à Jeune Afrique par l’épouse du général, Brenda Kahimbi, ainsi que par plusieurs sources sécuritaires et politiques de haut niveau, qui ont cependant souhaité conserver l’anonymat. La cause du décès n’est pas encore connue.
Jeudi 20 février, la Direction générale de migration (DGM) avait interpellé le général Delphin Kahimbi alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour l’Afrique du Sud. Tout comme Kalev Mutond – l’ex-patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), interpellé le 12 février) – , le général Delphin Kahimbi était accusé d’avoir dissimulé des armes et de tentative de déstabilisation. Le chef d’état-major adjoint des FARDC était également soupçonné d’avoir mis l’actuel gouvernement sous surveillance.
Général influent et sous sanctions
Auditionné par le CNS, quelques jours après son interpellation, Delphin Kahimbi avait finalement été « formellement suspendu » de ses fonctions. Une ordonnance présidentielle devait prochainement officialiser sa mise à l’écart. Contacté par JA jeudi 27 février, Delphin Kahimbi nous avait répondu par message pour dénoncer « une affaire politique téléguidée depuis les capitales gérées par les impérialistes. »
#RDC: À l'hôpital du cinquantenaire où je me suis rendu, toutes les sources confirment le décès du général Delphin Kahimbi. Il a été amené vers 8H. Un réceptionniste annonce que, c'est la haute cour militaire qui a autorisé que son corps soit gardé à la morgue de l'hôpital pic.twitter.com/8OkXE2GRhM
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) February 28, 2020
Proche de l’ex-président Joseph Kabila, resté en fonction après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, Delphin Kahimbi continuait à jouer un rôle central au sein de l’armée. Le général était jusque-là chargé des négociations sur les modalités du rapatriement des ex-combattants des M23 présents en Ouganda et au Rwanda.
En 2019, à la demande de François Beya, le conseiller sécurité de Tshisekedi, il avait conduit deux délégations à Kigali (en juillet puis en octobre) – où il avait ses entrées -, et une autre à Kampala (également en octobre). Le chef de l’État lui avait aussi confié la mission de convaincre les responsables rwandais, ougandais, burundais et tanzaniens de créer une coalition régionale contre les groupes armés présents dans l’est de la RDC.
Le maintien en fonction de Delphin Kahimbi, comme d’autres généraux congolais sous sanctions, avait été critiquée par la société civile et plusieurs partenaires internationaux de la RDC. Sa mise à l’écart, comme celle de deux généraux, Gabriel Amisi Kumba, alias « Tango Four », et John Numbi, était ainsi réclamée en coulisses par Washington. L’envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs, J. Peter Pham, s’était d’ailleurs rendu à Kinshasa du 10 au 13 février.