Le 26 février, le conseiller royal Fouad Ali El Himma a été reçu à Riyad par le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS). Un message verbal du roi Mohammed VI a été transmis à l’homme fort d’Arabie saoudite.
Selon l’Agence officielle marocaine (MAP), cette audience à laquelle a assisté le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a été l’occasion de « réaffirmer au prince héritier la ferme volonté de Sa Majesté de développer le partenariat distingué entre les deux pays dans tous les domaines, de consolider ses mécanismes et d’enrichir son contenu. » La presse saoudienne évoque même que ce déplacement des émissaires de Mohammed VI vient en prélude d’une prochaine visite royale en Arabie saoudite.
Vers la fin des tensions ?
Cette reprise de contact intervient après plusieurs mois de tensions entre les deux royaumes. Depuis le rappel par le Maroc de son contingent militaire mobilisé pour la guerre au Yémen, les turbulences se font fréquentes sur l’axe Rabat – Riyad.
Depuis deux ans, MBS avait rompu avec la « tradition » de passer une partie de ses vacances d’été, avec toute sa cour, dans son somptueux palais de Tanger. En février 2019, l’ambassadeur du Maroc en Arabie saoudite a même été retenu pendant des semaines à Rabat, à la suite d’un reportage diffusé par la chaîne Al-Arabiya, présentant le front Polisario comme « le représentant exclusif du peuple sahraoui. » Un rappel officieux qui n’avait fait l’objet d’aucune communication de la part du département des Affaires étrangères, de manière à atténuer le caractère inédit de cette crise.
L’envoi, une année plus tard, d’un émissaire de haut rang par Mohammed VI témoigne donc d’un réchauffement des relations entre les deux hommes. D’ailleurs, les observateurs n’en ont jamais douté : « Entre le Maroc et l’Arabie saoudite, les relations diplomatiques sont aussi solides que les hautes murailles du palais du roi Salman à Tanger », témoigne l’un d’entre eux. Les deux royaumes seraient-ils en passe de retrouver leur fraternité historique ?
Tebboune et Ghazouani également à Riyad
Outre le conseiller royal, les présidents algérien et mauritanien ont eux aussi été reçus à Riyad, à l’approche du cinquième sommet entre l’Union africaine (UA) et la Ligue arabe, qui aura lieu en Arabie saoudite.
Pour sa première visite d’État à l’étranger depuis son élection et au lendemain d’une rencontre avec l’émir qatari Cheikh Tamim à Alger, Abdelmadjid Tebboune a non seulement rencontré le prince hériter, mais aussi le roi Salman. L’objectif pour le président algérien ? Ne froisser aucune des parties après la crise diplomatique dans le Golfe, qui s’estompe peu à peu.
#Riyadh | @KingSalman received the President of the People's Democratic Republic of #Algeria and held a lunch banquet in honor of him. pic.twitter.com/ENGL2T3Vyh
— Foreign Ministry ?? (@KSAmofaEN) February 27, 2020
Quelques semaines après s’être rendu aux Émirats arabes unis, où il avait rencontré le prince héritier Mohammed Ben Zayed (MBZ), le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani était lui aussi dans la capitale saoudienne une visite officielle. Si Abou Dhabi avait annoncé l’allocation de deux milliards de dollars à la Mauritanie, Riyad est de son côté le premier bailleur de fonds du pays ouest-africain. Résultat : Nouakchott se range clairement derrière l’Arabie saoudite sur le plan diplomatique.
En 2018, le ministère mauritanien des Affaires étrangères allait jusqu’à faire savoir publiquement son soutien aux annonces du parquet général saoudien dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. L’aspect économique de la visite mauritanienne est assez claire : les ministre de l’Économie et de l’industrie, du Commerce, du Pétrole de l’Énergie et des mines sont du voyage.