Économie

Flexibilité du dirham : Rabat continue de tenir tête au FMI

Malgré la pression du FMI, qui voudrait voir la réforme du régime de change accélérer au Maroc, Mohamed Benchaâboun et Abdellatif Jouahri insistent sur la souveraineté du royaume et misent sur une bascule « progressive » vers le nouveau système.

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Par - à Casablanca
Mis à jour le 21 février 2020 à 18:01

Kristalina Georgieva, à Munich, le 14 février 2020. © Jens Meyer/AP/SIPA

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a effectué, du 17 au 20 janvier, sa première visite officielle au Maroc depuis sa prise de fonction à la tête du FMI en octobre 2019.

Dans un point de presse furtif tenu le 20 février en compagnie de Mohamed Benchaâboun, le ministre des Finances, et d’Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al Maghrib,, elle a estimé que le royaume a bien avancé dans la mise en place de conditions propices à une croissance plus élevée et plus inclusive, en dépit d’un environnement extérieur difficile. La croissance devrait s’accélérer progressivement à moyen terme, selon les analystes du FMI. Ainsi en 2020, le PIB marocain devrait faire bien mieux que l’année dernière (2,7 %) en avançant de 3,7 % selon les estimations rapportées par la patronne du FMI.

Bascule complète «dans un certain nombre d’années »

Ce satisfecit passé, Kristalina Georgieva est revenue sur la question de la flexibilisation du régime de change, une réforme que le FMI porte depuis plusieurs années et qu’il souhaite voir accélérer. Mais le ministre des Finances et comme le wali de la banque centrale sont restés fermes dans leur position.

« La flexibilité est un choix qui a été fait de manière souveraine par le Maroc. Il a été fait dans l’objectif d’aller plus loin, mais progressivement, vers le flottement », a affirmé Mohamed Benchaâboun au cours de ce point de presse, estimant que la bascule – entamée en janvier 2018 – serait complète « dans un certain nombre d’années, que nous n’avons pas arrêté ». Pour le ministre des Finances, c’est « aux autorités marocaines de se mettre d’accord sur la date de lancement de la phase 2 de ce grand chantier ».

« Nus sommes actuellement dans la première phase de la première étape du processus. Il faudra s’assurer que les opérateurs économiques aient bien assimilé les changements avant de passer à la suite », a appuyé Abdellatif Jouahri, qui souhaite que « cette réforme puisse aider le gouvernement dans ses autres chantiers et en particulier dans l’amélioration de la compétitivité du pays ».

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Le Maroc ne connait actuellement aucun problème concernant les réserves de change, reconnait le FMI. Par conséquent, les autorités monétaires ont davantage de latitude pour bien séquencer les prochaines étapes, à la différence d’autres pays comme l’Égypte, contrainte à un basculement rapide.

Pour Kristalina Georgieva, le débat n’est pas clos. « Une mission du FMI se rendra au Maroc en mars et nous approfondissons les débats autour de cette question de la flexibilité », a-t-elle promis.

Assemblées annuelles à Marrakech

L’ancienne présidente par intérim du groupe Banque mondiale a également profité de sa visite au Maroc pour s’assurer aussi que les préparatifs pour les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues en octobre 2021 à Marrakech, vont bon train, et pour encourager les autorités du pays à multiplier les réformes, qu’elles concernent la gouvernance ou la réduction de la corruption, en passant par la fiscalité ou encore l’amélioration des programmes de ciblages sociaux.

« L’effort doit être maintenu. La croissance, aujourd’hui inférieure à 3 %, n’est pas assez forte pour créer suffisamment d’emplois et réduire les inégalités sociales et régionales. Le chômage demeure élevé, surtout parmi les jeunes et les femmes », a expliqué la directrice du FMI dans une déclaration à l’agence de presse marocaine.