Économie

En RDC, une trésorerie resserrée mais des projets maintenus, assure le gouvernement

Derrière un budget ambitieux, un plan de trésorerie plus réaliste : la publication par le ministère des Finances de projections de dépenses amoindries sème le trouble en RDC.

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Mis à jour le 18 février 2020 à 17:54

Le vice-Premier ministre, ministre du Budget de RDC, Jean-Baudouin Mayo Mambeke. © Ministère du budget

Jean-Baudouin Mayo-Mambeke, le vice-Premier ministre et ministre congolais du Budget, a démenti mardi 18 février les affirmations selon lesquelles le budget 2020 sera de fait modifié, suite à la publication de la part du ministère des Finances, la veille, d’un Plan de trésorerie (PTR) moins dépensier de 4 754 milliards de francs congolais (2,57 milliards d’euros) que le budget annoncé.

La loi de finances votée fin octobre a en effet fixé le budget 2020 à 18 545 milliards de francs congolais, tandis que le Plan de trésorerie publié par le ministère des Finances table sur 13 869 francs congolais, soit 25 % de moins.

Le plan de trésorerie établit ainsi des prévisions de dépenses parfois drastiquement réduites, sur les « dépenses en capital » (-75 %), les subventions (-51 %) ou même l’organisation des élections (-77 %).

« Les finances publiques ont pour cadre la loi budgétaire, qui ne peut être modifiée que par le Parlement », a fermement rappelé le ministre, s’insurgeant contre toute interprétation contraire, qu’il qualifie de « propagande mensongère », répondant aux polémiques nées de l’écart entre les deux projections commençant à circuler sur les réseaux sociaux.

L’aide du FMI fortement attendue

Et de fait, le document du plan de trésorerie lui-même prend soin d’indiquer qu’il est « un outil de gestion et de pilotage », susceptible de varier « périodiquement en fonction des données en présence ».

En l’état, les prévisions faites par le ministère des Finances tablent pourtant bien sur un recul de près de trois milliards d’euros des recettes dans le budget général, citant comme raisons des « effets décalés » de l’effondrement des cours du cobalt au dernier trimestre 2018, des « ralentissements consécutifs de la croissance mondiale et leurs répercussions sur la croissance intérieure ».

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À ce sujet, Jean-Baudouin Mayo-Mambeke pointe du doigt les conséquences néfastes de l’épidémie de coronavirus sur l’économie mondiale.

Le ministre rappelle que le gouvernement congolais négocie avec le Fonds monétaire international un programme d’aide susceptible de donner d’ici au printemps des perspectives de financement nouvelles.

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En attendant, ce PTR vient donner des arguments à ceux qui doutaient du budget expansionniste de la RDC. Du côté de l’Observatoire de la dépense publique, on en applaudit la publication, qui vient confirmer les craintes de cette ONG : « Nous saluons la publication de ce document, qui auparavant serait restée secret », se réjouit ainsi son porte-parole Valéry Madianga, qui rappelle qu’une étude de l’Observatoire, publiée en décembre 2019, estimait que « la loi de finances était déficitaire de 3,5 milliards de dollars », les recettes y étant largement surestimées.

Chantiers ambitieux

Le déficit du budget général est certes moins marqué, mais Valéry Madianga appelle à la préparation d’une loi de finances rectificative, au gel des 19 mesures économiques de la loi de finances 2020, « qui tardent à être mises en œuvre et qui ne porteraient leurs fruits qu’en 2021 ». Il voit dans la situation actuelle « l’occasion de réduire le train de vie de l’État », et avertit que « toutes les dépenses vont souffrir » si le budget n’est pas révisé dans son ensemble.

Rappelons que pour 2020, le gouvernement congolais s’est fixé un programme de réformes ambitieux, allant de l’implantation progressive d’une couverture santé universelle au démarrage de la construction du port en eau profonde de Banana, en passant par la numérisation des services de collecte des prélèvements obligatoires.

Le 8 février dernier, Jean-Baudoin Mayo Mambeke a en outre annoncé le décaissement immédiat par le gouvernement de 3,5 millions de dollars et promis de porter cette somme à 13,5 millions d’ici le mois de mai pour le chantier urbain de désengorgement de Kinshasa, un projet phare du « programme d’urgence des Cent jours » du président Félix Tshisekedi.