« Tu mourras à 20 ans », fabuleuse ode à la liberté

Adapté d’une nouvelle d’Hammour Ziada, « Tu mourras à 20 ans » relate l’existence de Muzamil, condamné à une mort précoce par des croyances archaïques. Très remarqué, ce premier long-métrage du cinéaste soudanais Amjad Abu Alala a notamment été primé à la dernière Mostra de Venise.

Le réalisateur soudanais Amjad Abu Alala, aux côtés d’Emir Kusturica, président du jury de la Mostra de Venise, le 7 septembre 2019. © Joel C Ryan/AP/SIPA

Le réalisateur soudanais Amjad Abu Alala, aux côtés d’Emir Kusturica, président du jury de la Mostra de Venise, le 7 septembre 2019. © Joel C Ryan/AP/SIPA

Renaud de Rochebrune

Publié le 18 février 2020 Lecture : 3 minutes.

On connaît la célèbre première phrase qui introduit le roman Aden Arabie du français Paul Nizan, publié en 1931 mais surtout popularisée grâce à une préface de Jean-Paul Sartre lors d’une réédition en 1960 : « J’avais 20 ans, je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». Muzamil, le héros du premier long métrage du cinéaste soudanais Amjad Abu Alala, aurait certes pu prononcer les mêmes mots. Car, peu après sa naissance dans un petit village au centre du Soudan, lors d’une cérémonie destinée à l’accueillir dans la communauté et au cours de laquelle un assistant de l’imam qui officiait s’était subitement évanoui, mauvais présage, le chef religieux avait proféré une prophétie en forme de condamnation sans appel : cet enfant mourra à l’âge de 20 ans.

« Fils de la mort »

Le film raconte ce que peut être l’existence pour le moins perturbée d’un jeune garçon puis d’un jeune homme ainsi condamné à une mort précoce. Car son père, épouvanté par le funeste avenir tout tracé pour son fils, s’enfuit rapidement en Ethiopie. Et sa mère, Sakina, qui ne met elle aussi jamais en doute le verdict du religieux très respecté, élève l’enfant comme une sorte de mort-vivant : pourquoi, par exemple, ferait-il des études, au delà de l’apprentissage du Coran, puisqu’il est voué à disparaître ?

Muzamil va ainsi se poser de terribles questions dès l’âge de 6 ans, comme par exemple celle-ci : « Est-ce que le temps passé dans le ventre de ma mère compte dans ma durée de vie ? » Et s’il sera toujours soutenu par la belle Naima, qui tombera amoureuse de lui à l’adolescence, il est régulièrement harcelé par tous les autres jeunes de son entourage qui se moquent de lui, ce « fils de la mort » selon les propres mots de sa mère qui semble résignée à son destin.

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