L’ancien tout-puissant chef de l’ANR, Kalev Mutond, rentrait d’un déplacement en Ouganda et venait d’effectuer une escale à Addis-Abeba. Il a été interpellé à la mi-journée, ce mercredi, à la descente de son avion.
Selon nos informations, il lui a notamment été reproché d’avoir voyagé avec un passeport diplomatique qu’il utilisait en qualité de conseiller du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Ce dernier n’ayant pas officiellement nommé de cabinet, Kalev Mutond n’était donc pas en droit de faire usage de ce document.
Kalev Mutond dément l’interpellation
Selon plusieurs sources au sein des services de sécurité, ce passeport lui aurait été retiré lors de son audition par l’ANR, avant qu’il soit relâché. Contacté par Jeune Afrique, Kalev Mutond dément avoir été auditionné et explique avoir simplement « rendu visite à [son] ancien adjoint » Inzun Kakiak, aujourd’hui à la tête de l’ANR.
« Il n’y a aucun problème. J’ai voyagé et je suis rentré au pays avec mon passeport diplomatique. Jamais, dans mes papiers d’identité, il n’est écrit “administrateur général de l’ANR” », assure-t-il. « La loi sur l’octroi des passeports m’autorise à disposer de ce passeport », insiste-t-il par ailleurs.
Après l’interpellation le 30 janvier de Jaynet Kabila, la sœur de Joseph Kabila auditionnée par la Direction général de migration (DGM) alors qu’elle avait embarqué pour l’Afrique du Sud, et la confiscation du passeport diplomatique d’Emmanuel Ramazani Shadary, le 24 janvier, avec cette affaire, c’est un nouveau proche de l’ancien président congolais qui connaît des difficultés de déplacement.
Les menaces de l’ancien patron de l’ANR
Patron de la tentaculaire et très redoutée agence de renseignement pendant huit ans – de 2011 à 2018 – ce très proche de Joseph Kabila, sous sanctions américaines depuis décembre 2016, s’était déjà retrouvé au cœur d’une polémique concernant son passeport, fin janvier. Au cours d’une matinée politique organisée par l’UDPS, Augustin Kabuya, secrétaire général du parti de Félix Tshisekedi, l’avait alors accusé de voyager partout où se rendait le président congolais pour « se renseigner » sur ses déplacements.
Kalev Mutond avait répliqué quelques jours plus tard dans un communiqué pour qualifier d’ « hasardeuse » la sortie du numéro deux de l’UDPS. Joint par Jeune Afrique, il avait alors aussi mis en garde ses contempteurs, se montrant même menaçant. « Nous avons occupé ces fonctions pendant huit ans [à la tête de l’ANR], nous connaissons les secrets d’État, il n’est pas sage pour eux de s’en prendre à nous dans ces termes et de jeter notre nom sur la place publique. Il faut que ceux qui nous accusent donnent des preuves. »