Société

[Chronique] Make coronavirus great again : les « bons conseils » de Dr Trump

Pour le président américain, l’épidémie de coronavirus disparaîtra au printemps grâce aux premières chaleurs dans les pays concernés. La canicule africaine conférerait-elle alors un atout sanitaire au continent ?

Mis à jour le 25 mars 2020 à 11:04
Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

© Glez

Si Donald Trump est certain d’avoir mérité le prix Nobel de la paix attribué au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, pourrait-il maintenant postuler au Prix Nobel de Médecine ? Expert autoproclamé des épidémies, le chef de l’État américain estime que celle du coronavirus (2019-nCov) disparaîtra précisément « d’ici avril, ou au cours du mois d’avril ».

C’est ce que le président-candidat a prédit ce lundi depuis la Maison Blanche. Limpide – ou lapidaire -, la démonstration scientifique repose sur l’augmentation naturelle des températures à l’orée du printemps de l’hémisphère nord. « La chaleur tue en général ce genre de virus », affirme Trump…

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À l’ère du réchauffement climatique, le continent africain, largement terrassé par des canicules légendaires, aurait donc de quoi se réjouir. Non seulement la maladie venue d’Asie devrait être broyée par la moulinette des degrés Celsius surnuméraires, mais on se prendrait à rêver qu’il en soit de même pour d’autres virus : la maladie à virus Ebola, l’arenavirus de la fièvre de Lassa ou le virus Amaril de la fièvre jaune. Hélas, rien n’est jamais aussi simple qu’une pensée magique trumpienne.

Prédiction malvenue

Immédiatement après la déclaration présidentielle du 10 février, le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, a indiqué que « tout type de prédiction serait malvenue car il reste énormément d’inconnues ».

Ce membre du groupe de travail présidentiel sur le virus a tenu à avouer qu’il ne partageait pas les certitudes du locataire de la Maison Blanche quant au fléchissement potentiel de l’épidémie. Plutôt que de croiser les doigts, les spécialistes préfèrent décroiser les bras et valoriser les mesures d’endiguement du virus.

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La barre symbolique des 1 000 morts a été dépassée en Chine, ce mardi, et le gouvernement de Pékin reconnaît plus de 42 200 infections. Proximité du redoux climatique ou pas, rien ne permet d’affirmer que le « pic » des transmissions a été atteint ou qu’il va l’être prochainement.

Plutôt que de miser sur ses températures prétendument immunitaires, l’Afrique doit s’organiser. Si aucun cas africain d’infection au coronavirus n’a été confirmé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de nombreuses liaisons aériennes existent entre Pékin et le continent. Selon une modélisation récente du site medrxiv.org, un groupe de trois États se situerait dans le trio de tête des pays africains les plus menacés : l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud. Make coronavirus great again ?