Le gouvernement a ordonné le 2 février à la Banque extérieure d’Algérie (BEA) d’accorder un crédit de 1,1 milliard de dinars (8,24 millions d’euros) à l’Entreprise nationale des industries électroménagers (Eniem), en proie à de graves difficultés financières. Cette enveloppe permettra de couvrir les besoins urgents en collection CKD/SKD pour le montage de ses appareils électroménagers.
Un approvisionnement nécessaire à la relance de l’activité de l’usine implantée à Oued Aïssi, à l’est de Tizi Ouzou, à l’arrêt depuis une semaine. De l’aveu même du PDG, Djilali Mouazer, reçu par le ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham, « c’est la solution de la dernière chance ».
Six mois après une fermeture de ses ateliers, la société publique, qui fonctionnait à un tiers de ses capacités de production depuis octobre, a replongé dans la crise. Avec une trésorerie exsangue et confrontée à une rupture de stocks de kits assemblés, Eniem, l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois de la région, a décrété le chômage technique pour ses 1 700 salariés début février.
Demandes de crédits bloquées
« L’année 2019 a été particulièrement difficile. Aucune de nos demandes pour un crédit d’exploitation n’a abouti », avance Djilali Mouazer. D’autres entreprises sont dans le même cas. Depuis le déclenchement d’enquêtes anti-corruption, qui ont conduit à l’arrestation de hauts cadres du secteur, les banques publiques ne débloquent quasiment plus de crédits, y compris aux sociétés publiques.
Nous reprendrons notre activité dès que nous réceptionnerons le premier arrivage
Eniem attend un second prêt de 700 millions de dinars (5,24 millions d’euros). De quoi maintenir la tête hors de l’eau pendant six mois. Mais l’activité ne redémarrera pas avant fin mars. Le temps de réapprovisionner en pièces détachées les cinq unités de production, qui atteignent jusqu’à 80 % de taux d’intégration. « L’acheminement de la matière première, qui vient d’Asie et d’Europe, prend entre deux et trois mois. Nous reprendrons notre activité dès que nous réceptionnerons le premier arrivage », indique le patron de l’entreprise.
Perte de vitesse dans un marché concurrentiel
Reste à pérenniser la situation de cet ancien fleuron industriel, créé en 1981, désormais sous perfusion de plusieurs années et en perte de vitesse dans un marché de plus en plus concurrentiel. En 2009, l’État algérien était allé jusqu’à effacer les dettes contractées par l’ex-leader de l’électroménager du pays, d’un montant de plus de 13 milliards de dinars (plus de 98 millions d’euros).
Cette fois, les autorités pourraient restaurer la santé financière de l’entreprise, qui revendique moins de 10 % de parts de marché, en acceptant un rééchelonnement de sa dette, qui avoisine les 6 milliards de dinars (plus de 45 millions d’euros). Le Comité de participation de l’État (CPE), une instance gouvernementale chargée de la gestion des entreprises publiques économiques, doit se réunir dans les prochains jours pour étudier une demande dans ce sens.