Après avoir validé, le 11 juillet 2019, un programme triennal de 448,6 millions de dollars sur trois ans à destination de la République du Congo, le FMI avait immédiatement débloqué 44,9 millions de dollars, et soumis la suite des décaissements à des examens semestriels. Mais le 17 janvier dernier, la réunion de son conseil d’administration qui s’est penchée sur le pays n’a pas débloqué de nouvelle tranche d’aide, précisant que les autorités du pays avaient demandé plus de temps pour atteindre leurs objectifs de restructuration de la dette commerciale du pays.
La dette publique du Congo, bien que redescendue à 87,8 % fin septembre 2019, après avoir atteint un niveau record de 117 % du PIB en 2017, reste « insoutenable sans restructuration », estime le FMI. Or, les négociations avec les traders pétroliers, notamment Glencore et Trafigura, qui détiennent à eux seuls une dette représentant 18,1 % du PIB, n’ont pas encore abouti. Faute d’accord et du fait de plusieurs manquements de paiements au titre du service de cette dette, les arriérés à leur égard ont grimpé de 800 milliards de francs CFA (1,2 milliard d’euros) pour la seule année 2019.
Discussions en cours
L’apurement de ces arriérés extérieurs est une »nécessité pour finaliser les discussions relatives à la première revue de l’accord triennal », poursuit le FMI, évoquant un possible accord « au cours du premier trimestre de 2020 ». « Les discussions se poursuivent avec les traders, qui sont redoutables en affaires. Mais nous allons fatalement trouver des solutions, car c’est dans l’intérêt de tous », commente le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, joint par Jeune Afrique.
L’institution internationale note que les autorités du pays « ont continué de suivre des politiques prudentes de gestion budgétaire et de la dette, y compris dans la préparation du budget 2020 » et « mis en oeuvre des réformes visant à améliorer la gouvernance et à réduire la corruption », notamment via la nouvelle Autorité anti-corruption et la Commission de la transparence, qu’il s’agit maintenant de rendre pleinement opérationnelles. Après deux années de récession, Brazzaville a renoué en 2019 avec la croissance (0,8 à 1 %), commence à diversifier son économie et a su maîtriser son inflation. Des efforts qu’il convient de prolonger, estime le FMI.
« Ce qui dépend exclusivement de l’État congolais, à savoir les mesures de discipline budgétaire et de lutte contre la corruption, a été mis en oeuvre. Cela a demandé des mesures de grande rigueur, difficiles à vivre pour la population. Mais nous sommes désormais calibrés pour faire face à toute éventualité, y compris ce retard dans le décaissement de la prochaine tranche d’aide du FMI », explique le ministre.
Investissements pétroliers
Thierry Moungalla est également revenu sur la dernière publication de l’ONG Global Witness, datée du 27 janvier, selon laquelle la société nationale pétrolière (SNPC) aurait contracté 3,3 milliards de dollars de dettes adossées au pétrole, notamment à l’égard des compagnies pétrolières Total, Eni et Chevron et de banques internationales, au premier rang desquelles Ecobank. « Sur le fond, je n’en pense rien. Je constate seulement que depuis que les discussions avec le FMI ont repris, nous avons eu affaire à une série d’ONG qui cherchent à faire dérailler le processus. Dans ce cas encore, on constate la même mécanique et le même objectif de déstabilisation », a-t-il déclaré.
De son côté, un haut cadre de l’institution financière, qui a requis l’anonymat, juge inappropriée la demande de l’ONG d’inclure ces 3,3 milliards de dollars dans le passif de l’État. »Ces sommes sont destinées à l’exploitation de nouveaux champs pétrolifères. Il ne s’agit donc pas de dettes de l’État mais d’un investissement de la SNPC, qui a largement les moyens d’y faire face et qui sera recouvré par la production future », explique-t-il.
Le porte-parole du gouvernement congolais assure préparer déjà la prochaine revue de l’accord – une nouvelle mission du FMI à Brazzaville doit avoir lieu fin février.