Rhodésie : la guerre contre M. Smith ?

L’échéance approche pour le gouvernement britannique : on saura peut-être, d’ici la fin de l’année, si la Rhodésie du Sud connaîtra le destin de l’Union sud-africaine, celui de l’Algérie ou celui des anciennes colonies anglaises devenues indépendantes. […]
C’est Ian Smith qui l’a déclaré : « Il n’y aura pas de gouvernement nationaliste africain en Rhodésie du Sud aussi longtemps que je vivrai. » Et il a ajouté : « J’ai 45 ans. » C’est la première fois qu’il vient à Londres en tant que Premier ministre. Cet ancien pilote de guerre aura sans doute pris plus de plaisir à la grande foire aéronautique de Farnborough. M. Smith a, en effet, peu de goût pour les négociations et préfère la vie large et active qu’il mène dans son pays à l’image des quelque 300 000 colons qui possèdent 53 % des terres cultivées, les 3 millions d’Africains noirs devant se contenter du reste.
Mais, au fait, est-il venu négocier ? Plus simplement, il est venu annoncer que la Rhodésie du Sud va prendre son indépendance. […] Pour cela, il n’y a qu’une méthode qui lui paraisse convenir : obliger le gouvernement britannique à choisir entre l’indépendance immédiate au bénéfice des colons, ou une guerre difficilement praticable et qui signifierait en tout cas la rupture entre la Rhodésie et la Grande-Bretagne.
Tous les membres africains et asiatiques du Commonwealth exigent de Londres qu’un refus catégorique soit opposé aux prétentions de M. Smith. […] Londres a donc entrepris de discuter avec eux des conséquences possibles d’une rupture avec la Rhodésie du Sud. Les perspectives sont assez sombres. […] Si les États africains du Commonwealth, par exemple la Zambie (ex Rhodésie du Nord), aident les populations noires de Rhodésie du Sud à se soulever contre les colons, ce pourrait être le début d’une guerre généralisée : l’Union sud-africaine et le Portugal pourraient venir en aide au gouvernement rhodésien, tandis que d’autres pays africains seraient tentés d’intervenir en sens inverse…