Politique

Burkina Faso : après des tractations diplomatiques, Djibrill Bassolé est arrivé en France pour recevoir des soins médicaux

L’ancien chef de la diplomatie burkinabè est arrivé mercredi 29 janvier à Paris, où il doit recevoir des soins médicaux. Il a été condamné à dix ans de prison au terme du procès du putsch de 2015. Sa défense avait saisi Emmanuel Macron en janvier dans une lettre dont JA a obtenu copie.

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Mis à jour le 29 janvier 2020 à 11:52

Djibrill Bassolé, l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères (ici en 2015). © Camille Millerand pour JA

Djibrill Bassolé a quitté Ouagadougou mardi, à 23h50, à bord d’un vol Air France. Il est arrivé le mercredi matin en France, où il avait rendez-vous à l’hôpital Foch, à Suresnes, dans la proche banlieue parisienne. L’ancien ministre des Affaires étrangères avait été admis d’urgence le 15 janvier dans un hôpital de la capitale burkinabè. Des images de lui, très amaigri, avaient fait le tour des réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions au Burkina.

En France, Bassolé, 62 ans, devra être interné dans un centre d’oncologie spécialisé où il recevra des soins pour traiter le cancer dont il souffre, a expliqué un membre de sa famille, précisant qu’il voyage en compagnie de son épouse. Il a bénéficié d’une autorisation de sortie du parquet militaire pour se soigner et d’un visa de quelques mois.

« Nous sommes très soulagés. Cela fait des mois que nous faisons des démarches avec ses proches pour qu’il puisse enfin être soigné correctement », confie William Bourdon, l’un de ses avocats. « Il faut saluer le geste humanitaire qui a été fait par la France, même si on aurait souhaité qu’il intervienne plus tôt », a-t-il ajouté.

Lettre à Macron

Dans une lettre datée du 10 janvier et adressée à Emmanuel Macron, la défense de Bassolé avait plaidé pour que la France autorise son évacuation sanitaire vers Paris. Ses avocats avaient saisi l’occasion du sommet de Pau, au cours duquel le président français avait rencontré Roch Marc Christian Kaboré et les autres chefs d’État du G5 Sahel.

« Bassolé n’a jamais eu l’intention de solliciter l’asile politique en France. Son seul objectif est de recevoir les soins adaptés à ses pathologies et de bénéficier, le jour où cela s’imposera, de soins palliatifs », avaient ainsi écrit ses avocats, William Bourdon et Dieudonné Bonkoungou. « Djibrill Bassolé est depuis longtemps un grand ami de la France, il y a de solides attaches et c’est précisément ce réseau d’amitié qui a déjà pris des dispositions pour qu’il puisse bénéficier d’une chambre, dès son arrivée à l’hôpital Foch », avaient-ils ajouté.

Ce courrier a également été adressé à l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, au conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, Franck Paris, et au conseiller des Affaires étrangères, Franck Marchetti.

C’est la deuxième fois que la défense de Bassolé adresse un courrier à Emmanuel Macron. En mai 2019, ses deux avocats en appelaient déjà à sa « haute-bienveillance » pour « faire en sorte que cet homme puisse être accueilli à l’hôpital Gustave Roussy », un centre de lutte contre le cancer situé près de Paris.

Dix ans de prison

Le général de gendarmerie avait déjà passé deux mois en Tunisie, de mars à avril 2018, pour des soins, avant de comparaître très affaibli devant le tribunal militaire en décembre 2018. Considéré comme l’un des cerveaux du putsch manqué de 2015, il a été reconnu coupable de « trahison » en septembre 2019, après 19 mois de procès.

Bassolé, qui avait été placé en résidence surveillée depuis octobre 2017, avait été condamné à dix ans de prison ferme et déchu de ses décorations. Il purgeait depuis sa peine à la maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). Ses avocats avaient annoncé leur volonté de faire appel.

Accusé de complicité et de soutien aux putschistes, son nom avait été au cœur de l’affaire des écoutes téléphoniques. Dans un enregistrement, présenté par la justice burkinabè comme étant une conversation entre Bassolé et l’Ivoirien Guillaume Soro, les deux hommes évoquaient un plan de soutien financier et opérationnel aux militaires de l’ancien régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l’origine de la tentative de coup d’État.