Rentré discrètement à Bangui dans la soirée du 15 décembre dernier, François Bozizé s’impatiente. Dès son retour dans le pays, l’ancien président, chassé du pouvoir par les rebelles de la Séléka en avril 2013, a demandé à rencontrer le président Faustin-Archange Touadéra, qui lui a, pour le moment, opposé une fin de non-recevoir.
« L’attente commence à être longue pour Bozizé. Le pouvoir n’envoie aucun signe positif », confie à Jeune Afrique une source dans l’entourage de l’ancien président centrafricain. Si cette rencontre compte tant pour le clan Bozizé, c’est qu’elle déterminera la position du pouvoir actuel vis à vis de l’ancien président.
Un « accord de principe » et des doutes
« Le flou qui perdure autour de cette rencontre inquiète beaucoup Bozizé, parce qu’il comptait là-dessus pour négocier plusieurs points sensibles, et en particulier la question judiciaire le concernant », glisse un diplomate occidental en poste à Bangui.
Un courrier daté du 30 décembre, signé de la main d’Obed Namsio, le directeur de cabinet de Touadéra – que JA a pu consulter – affirme bien que le Faustin-Archange Touadéra « est disposé à recevoir François Bozizé dès que possible », et donne « accord de principe » à une rencontre future.
Mais la lettre ne fixe aucune date. « C’est une manœuvre dilatoire. Le président Touadéra prolonge les échéances de cette rencontre, parce qu’en fait, il cherche une possibilité de faire arrêter Bozizé », estime Christian Guenebem, porte-parole du Kwa na Kwa, le parti de François Bozizé.
Certaines personnes proches du président souhaitent que Bozizé soit arrêté
Dans l’entourage du président centrafricain, la question divise. « Certaines personnes proches du président souhaitent que Bozizé soit arrêté. Ceux-là estiment qu’il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt et doit donc répondre devant la justice », explique un conseiller de Touadéra.
Le temps de « l’apaisement » ?
Toujours sous le coup des sanctions prononcées à son encontre en 2014 par l’Union africaine et les Nations unies, qui l’accusent – tout comme le coordinateur des milices anti-balakas Levy Yakété et le chef de guerre Nourredine Adam – , d’avoir soutenu des milices, François Bozizé est en effet également visé par un mandat d’arrêt international émis en mai 2013 par la Centrafrique.
Le procureur de l’époque évoquait alors des poursuites pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide » et « crimes relevant du statut de la Cour pénale internationale (CPI) ».
Mais, selon ce proche du président – qui se positionne en faveur de la rencontre – , « le temps de l’apaisement est venu, et c’est ce que privilégie le président Touadéra, qui tend la main à tout le monde pour la paix dans le pays ».
En attendant une éventuelle rencontre, Bozizé multiplie les rencontres depuis son retour, à la fois lors de meeting du KNK ou au siège de son parti. En ligne de mire : la présidentielle de décembre 2020. L’ancien président centrafricain a en effet mis un point d’honneur à rentrer dans son pays avant le 27 décembre. Objectif : pouvoir justifier de douze mois consécutifs de résidence en Centrafrique, un critère nécessaire pour pouvoir déposer sa candidature.