Tunisie – Lotfi Zitoun : « Ennahdha est dans une période de transition et de transmission »

Membre du conseil de la Choura d’Ennahdha et ex-conseiller politique de Rached Ghannouchi, Lotfi Zitoun admet que des « désaccords » existent au sein du parti islamiste, mais que ce dernier n’en est pas pour autant « au stade des dissensions ». Entretien.

Lotfi Zitoun (Ennahdha). © DR

Lotfi Zitoun (Ennahdha). © DR

Publié le 7 décembre 2019 Lecture : 7 minutes.

Compagnon de route et ancien conseiller politique de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, Lotfi Zitoun (55 ans) se démarque par des prises de position parfois opposées à celles du conseil de la Choura du parti à la colombe, dont il est pourtant membre. Mais ce démocrate, qui étaye longuement ses opinions, reste droit dans ses bottes, même lorsqu’il est mis en minorité. Se faisant rare, il n’en demeure pas moins très écouté.

Jeune Afrique : Depuis 2011, la Tunisie est entrée en démocratie. Quel bilan en faites-vous ?

Lotfi Zitoun : La démocratie est muette. Personne n’explique aux citoyens ses ressorts et ses finalités. Elle est aussi marginale, puisque ceux qui ne votent pas sont plus nombreux que ceux qui participent aux élections. La démocratie est politique mais nous n’avons pas non plus abordé le volet économique, d’où les écarts que perçoivent ceux qui avaient des attentes après la révolution et qui renouent avec les revendications.

La révolution tunisienne était aussi sociale, et le malentendu vient de ce que les Tunisiens croient que les politiques sont sourds à leurs demandes. La révolution, c’est d’abord un changement dans la manière dont le peuple se voit, se perçoit. Elle ne démolit pas l’État, mais modifie la relation et les attentes du peuple vis-à-vis de ce dernier.

La classe politique est-elle consciente de ces ambiguïtés ?

Pris dans les problèmes partisans et des relations complexes entre partis, le personnel politique n’est pas à l’écoute de ce que le peuple réclame. Les électeurs, à la faveur de la dernière élection présidentielle, ont promu Kaïs Saïed, qui incarne des principes sans être partisan.

Kaïs Saïed est un indépendant qui ne parle pas à tout-va, qui n’a pas vraiment fait campagne, mais revient régulièrement depuis 2011 sur certains fondamentaux

la suite après cette publicité

C’est un indépendant qui ne parle pas à tout-va, qui n’a pas vraiment fait campagne, mais revient régulièrement depuis 2011 sur des fondamentaux, comme celui de restituer le pouvoir au peuple, de faire remonter les décisions depuis la base, l’intégrité, la justice et l’inclusion des régions marginalisées. Le choix en masse des électeurs est aussi un message à la classe politique, qui peut-être perçu comme une mini-révolution par les urnes.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Tunisie : quel héritage politique laisse l’ancien président Moncef Marzouki ?

Contenus partenaires