Attendue depuis plusieurs semaines, la réattribution des blocs 1 et 2 du gisement de fer guinéen du mont Simandou à la Société minière de Boké (SMB) a été officialisée ce mercredi 13 novembre.
Pour l’emporter, le groupement singapourien-sino-guinéen s’est engagé à exporter son minerai à travers le territoire guinéen – et non pas via le Liberia – en construisant notamment une voie ferrée de plus de 650 kilomètres – le Transguinéen –, ainsi qu’un port en eau profonde sur la presqu’île de Matakong, à quelque 50 km au sud de Conakry, dans un délai de cinq ans à compter de la ratification des conventions.
Le Transguinéen pourrait être construit par China Railways, avec qui la SMB est déjà en partenariat. Aucune prévision d’investissement n’a été communiquée à cette heure. On ne connaît pas non plus les conditions d’attribution des permis. Le consortium était opposé à l’australien Fortescue.
SMB en position de force en Guinée
SMB est un consortium formé par les groupes Winning Shipping, géant singapourien du transport maritime, qui travaille essentiellement au service de la métallurgie chinoise ; Shandong Weiqiao, acheteur de minerais et métallurgiste piloté depuis le port de Yantai ; ainsi que le groupe de logistique guinéen UMS, du franco-libanais Fadi Wazni, figure du patronat en Guinée, bon connaisseur de l’environnement politique, économique et social du pays.
Piloté par le Français Frédérique Bouzigues, SMB a fait valoir son expérience réussie dans la filière bauxite-aluminium, en particulier sur le plan logistique. Arrivé seulement en 2014 dans la région de Boké qui lui a donné son nom, au nord-ouest de la Guinée, le groupement a commencé à exporter sa bauxite vers la Chine dès 2016, devenant dès 2017 le premier exportateur de ce minerai dont on fait l’aluminium. Cette matière première est devenue cruciale pour le développement économique de l’Empire du milieu.
En 2018, SMB a expédié pas moins de 42 millions de tonnes, quand ses concurrents en Guinée (CBG et Rusal) n’en exportaient au total qu’une vingtaine de millions de tonnes.
Liquidation des blocs de Beny Steinmetz
Les blocs 1 et 2 du Simandou, gisement de fer qualifié par les professionnels comme le plus important du continent, était précédemment détenu par BSGR, de l’homme d’affaires franco-israélien controversé Beny Steinmetz, accusé de corruption. Les autorités avaient récupéré ces blocs en mars 2019, et lancé un appel d’offre pour les réattribuer le 13 juillet dernier.
Les autres blocs 3 et 4 du Simandou sont détenus par le géant Rio Tinto et son partenaire chinois Chinalco, qui semblent peu pressés de faire avancer leur propre chantier. Ils devaient initialement construire le Transguinéen, mais tentaient de négocier récemment pour un passage du minerai par le Liberia, plus court pour rejoindre la mer.