Économie

Togo : Axian et Emerging Capital Partners prennent le contrôle de Togocom

Le conglomérat malgache Axian, dirigé par la famille Hiridjee et le fonds d’investissement panafricain Emerging Capital Partners (ECP) deviennent ensemble l’actionnaire majoritaire de l’opérateur historique togolais, Togocom, en acquérant 51 % du capital. Cina Lawson, ministre togolaise des Postes, de l’Économie numérique revient pour JA sur les détails de la transaction.

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Mis à jour le 7 novembre 2019 à 10:21

Cina Lawson, ministre des Postes, de l’Économie numérique et de l’Innovation technologique lors de l’Africa CEO Forum 2019. © Christophe MASENGESHO/ACF2019

Acté il y a près d’un an par le parlement togolais, la privatisation de l’opérateur historique Togocom se concrétise ce mercredi avec l’annonce du rachat de 51 % de son capital par le consortium Agou Holding, composé du conglomérat malgache Axian (majoritaire), dirigé par Hassanein Hiridjee, et du capital-investisseur Emerging Capital Partners (ECP).

Le montant de la transaction reste confidentiel mais le groupe est désormais valorisé à 210 milliards de francs CFA (plus de 320 millions d’euros). Créé en 2017 pour fusionner Togo Telecom et Togo Cellulaire, la holding Togocom dirigée par Affoh Atcha-Dédji emploie 1 400 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 120 milliards de francs CFA (183 millions d’euros) en 2018.

Cina Lawson, ministre des Postes, de l’Économie numérique et des Innovations technologiques revient pour Jeune Afrique sur les raisons qui ont poussé l’État à privatiser l’opérateur télécom public dans lequel il conservera 49 % du capital.

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Pourquoi avoir finalement choisi Axian et ECP pour reprendre 51 % de Togocom ?

La première raison concerne la compétence d’Axian. C’est un groupe leader dans l’océan Indien et nous avons vu la manière dont il a travaillé à Madagascar (où il est propriétaire de Telma), mais également au Sénégal (Axian fait partie du consortium qui a acquis la filiale locale Tigo en 2018). Ce groupe avait en outre l’avantage de présenter une offre avec ECP comme partenaire, une société que nous connaissons bien parce qu’elle contrôle la banque Oragroup, basée à Lomé, dont l’introduction en bourse a été un succès.

En devenant majoritaire, le consortium acquiert les licences fixe et mobile

Quel est le montant de la transaction ?

C’est une information confidentielle.

Qu’attendez-vous de ces nouveaux partenaires ?

En devenant majoritaire, le consortium acquiert les licences fixe et mobile. Il s’est engagé à investir 160 milliards de francs CFA (environ 245 millions d’euros) sur sept ans pour améliorer et densifier le réseau en termes de couverture mobile mais aussi pour l’installation de la fibre optique dans le pays.

Axian et ECP se sont engagés à lancer la 5G au plus tard en 2021

Au-delà des obligations en matière de couverture 3G et 4G inscrites dans le cahier des charges, Axian et ECP se sont engagés à lancer la 5G au plus tard en 2021.

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Quelles étaient les offres concurrentes ?

Quatre candidats ont participé à l’appel d’offres, dont de grands noms du secteur. Mais chacun a eu sa logique. Dans ce processus qui a duré huit mois, certains n’ont pas été au bout pour des raisons diverses. Il y a ceux qui ont été absorbés par des problèmes dans d’autres pays, ceux qui ont fini par préférer se concentrer sur des plus gros marchés, etc.

S’il y a des départs supplémentaires, ce seront des départs volontaires

Que peut-on attendre des nouveaux propriétaires en termes de management ?

L’ouverture du capital est le fruit d’une longue décision dont l’objectif n’est pas de licencier. Au mois de mai, nous avons déjà procédé à plus de 300 départs volontaires.

L’important est de rassurer les employés sur le fait que l’État reste propriétaire à 49 % et qu’il ne sera pas possible de faire n’importe quoi. Nous avons été très clairs sur ce point auprès de nos partenaires. S’il y a des départs supplémentaires, ce seront des départs volontaires.

Pourquoi la privatisation était-elle nécessaire ?

Notre objectif est de mettre en œuvre notre politique nationale de développement et nous voulons que celle-ci soit financée par le secteur privé. Cela nécessite une modification de la façon dont nous faisons les choses. La semaine dernière, nous avons fêté notre bonne place dans le classement au Doing business. Mais pour que ce changement soit concret pour la population, il faut qu’il se matérialise par des investissements comme celui-ci.

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L’État envisage-t-il par la suite de céder une part de ses 49 % ?

Pas dans l’immédiat, mais cela n’est pas exclu à moyen terme.

L’attribution d’une ou deux licences télécoms supplémentaires pour renforcer la concurrence est-elle envisagée ?

Cette privatisation est déjà quelque chose de très important. Avant d’attribuer une nouvelle licence, il faut d’abord voir comment évoluent les prix et la qualité de service. Il faudra également tenir compte de la taille du marché.