Six mois après avoir annoncé son intention de céder son usine marocaine, Bombardier vient de trouver un repreneur, et pas n’importe lequel. Il s’agit du géant américain Spirit Aerosystems, installé au Kansas et leader des aérostructures pour l’aviation civile, qui a déboursé plus de 1,2 milliard de dollars pour conclure cette transaction qui englobe aussi les usines du canadien à Belfast et à Dallas.
Cette reprise réconforte l’ensemble du secteur de l’industrie au Maroc, mais aussi le ministre marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy. Ce dernier avait promis que l’usine continuerait à tourner malgré la décision surprise du groupe canadien.
Le repreneur américain emploie plus de 15 000 personnes à travers ses différents sites en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Spirit a enregistré en 2018 un chiffre d’affaires dépassant les 7 milliards de dollars.
Continuité de l’activité
Le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas) s’est de son côté félicité de l’arrivée d’un nouveau grand groupe au Maroc. « Nous accueillons avec beaucoup d’enthousiasme cette nouvelle évolution dans le secteur aéronautique… Toujours dans notre rôle, nous soutiendrons Spirit AeroSystems, Inc. et les équipes locales dans la continuité de leurs activités au Maroc et dans la réussite de notre écosystème centré autour des aérostructures », a déclaré Karim Cheikh, président du Gimas, dans un communiqué.
Au mois de mai dernier, le numéro 3 mondial avait annoncé la création d’une division aéronautique unique en rapprochant ses activités d’avions d’affaires et de court-courriers. En parallèle, Bombardier s’est séparé des actifs que le groupe considérait comme non stratégiques.
Dans la foulée, un appel à manifestation d’intérêt a été émis et selon nos informations l’ensemble des groupes mondiaux de l’aéronautique étaient intéressés. Pour renforcer ses chances, Bombardier a consulté ses sous-traitants comme Spirit Aerosystems ou encore le britannique GKM.
Airbus en ligne de mire
« Cela constitue une étape stratégique dans le cadre de nos efforts visant à bâtir une division aéronautique efficace et forte », a expliqué jeudi le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.
L’usine ne quittera pas le Maroc
Le nouveau propriétaire, qui est l’un des plus grands fournisseurs de Boeing, envisage à partir de cette grosse acquisition de s’ouvrir à d’autres clients comme l’européen Airbus. Les usines de Bombardier produisent en effet des composantes et notamment des ailes de l’A220 et de l’A320 Néo.
Le Maroc, de son côté, estime avoir été clair : les obligations et les engagements pris par Bombardier vis-à-vis de l’État marocain et principalement concernant le montant des investissements et la création d’emplois doivent être respectés par le groupe américain. « Selon l’entente conclue, le site continuera de fournir des composants structuraux d’avions et des pièces de rechange pour soutenir la production et les avions en service de Bombardier aviation. L’usine ne quittera ainsi pas le Maroc. Sa reprise par Spirit lui permettra de se développer davantage et de tirer profit des projets de développement futurs », explique un communiqué du ministère marocain de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement.
L’usine casablancaise est implantée depuis 2014 dans la zone franche de Nouaceur (à 20 km de Casablanca). Résultant d’un investissement de 200 millions de dollars, elle emploie 400 salariés pour la production de composantes d’ailes, de nacelles de moteurs ainsi que de certaines pièces de fuselage et de sous-ensembles pour des [modèles] CRJ régionaux ou des jets d’affaires comme le Challenger ou le Global, sur une superficie globale de 16 000 m².
Il est prévu qu’une extension voit le jour d’ici quelques mois qui permettra à l’usine de créer 450 emplois supplémentaires.