Financé par un don de 2,65 millions de livres sterling (3,1 millions d’euros) du Royaume-Uni géré par la Banque africaine de développement (BAD), l’initiative s’adresse aux sociétés non financières et non immobilières dont le chiffre d’affaires oscille entre 5 et 50 millions de dinars (entre 1,6 et 16 millions d’euros).
« Ces 120 sociétés de taille moyenne pour des PME seront sélectionnées avec soin pour que ce programme réussisse afin que d’autres puissent en bénéficier et qu’il perdure le plus longtemps possible avec l’arrivée de nouveaux investisseurs », explique Bilel Sahnoun, le directeur exécutif de la Bourse de Tunis. Selon lui, en cas d’IPO la levée de fonds devrait se faire à partir de un million de dinars (317 000 euros) minimum.
« En Tunisie, les PME sont le vivier principal de la création d’emplois et représentent l’axe majeur de développement de l’économie nationale [elles pèsent 40 % du PIB et plus de la moitié des emplois]. Il est difficile d’admettre que des PME doivent abandonner leur plan de développement à cause du manque de financement [15 % des PME ont accès aux prêts bancaires, selon la Banque européenne sur la reconstruction et le développement (BERD)], et des crédits bancaires inabordables [le taux moyen du marché monétaire atteint 7,82%]. Je salue donc cette solution de diversification de financement », argumente Samir Majoul, le président du syndicat patronal, l’Utica.
Accompagnement juridique et financier
Une équipe d’experts aidera les PME à définir et à financer en partie un diagnostic juridique et financier ou encore un business plan pour décider du mode de financement le mieux adapté entre les trois solutions proposées.
– L’IPO permet une injection rapide de cash et de bénéficier d’avantages fiscaux mais avec un risque de dilution du capital et il demande une entreprise structurée qui puisse publier régulièrement ses états financiers ;
– l’IBO est moins coûteux que l’emprunt bancaire mais, comme l’introduction en bourse, éparpille l’actionnariat ;
– le capital investissement, enfin, introduit un investisseur professionnel (Société d’investissement en capital à risque, Sicar, ou Fonds communs de placements à risque, FCPR…) dans le capital de l’entreprise pour un temps déterminé (de 5 à 7 ans en moyenne) en contrepartie d’une renégociation du pacte d’actionnariat.
Un objectif de 100 % de levées de fonds
Pour les investisseurs, Investia Entreprise devrait leur permettre d’obtenir des avantages fiscaux actuellement en discussion au niveau du gouvernement. Ils pourront aussi bénéficier d’un « cash-out » avantageux en cas d’introduction sur le marché alternatif réservé aux investisseurs avertis.
Bilel Sahnoun table d’ailleurs sur un minium de 12 IPO directs ou indirects après financement par capital-investissement.
Avec Investia Entreprise, la Tunisie emboîte le pas du Maroc qui propose, depuis 2016, le programme de formation et d’accès aux financement non bancaire, ELITE, concocté par le London Stock Exchange Group. « Sauf que Investia Entreprise est un projet innovant dont le but est la levée de fonds. ELITE a un taux de « finish » très faible, dont 2-3 % je crois, vont jusqu’à la levée de fonds. Nous, ça sera 100 % », se félicite Bilel Sahnoun, qui précise qu’en cas de succès, la plateforme Investia Entreprise, propriété de la Bourse de Tunis, sera exportable ailleurs en Afrique.